dimanche 2 février 2014

Morice d'Agoravox ou Le marketing du pauvre... type



"Quelle peut bien être l'utilité des productions de #Morice sur Agoravox ?". Je ne suis probablement pas le seul lecteur de ce média (qui se présente comme citoyen), à m'être posé cette question existentielle.
Pour ce qui est de leur valeur intellectuelle, toute personne cultivée sait de quoi il en retourne !

Et pourtant Morice (sur)produit ! Il doit bien y avoir une explication objective à cet apparent paradoxe. Agoravox n'est pas une organisation philanthropique et ils ne sont pas assez stupides pour laisser publier une telle masse de contenus sans réel intérêt... à moins d'y trouver aussi leur intérêt.

En d'autres termes, quelle est la fonction de Morice dans cet écosystème ?



Eliminons d'abord l'hypothèse d'un rédacteur rémunéré. Le tarif syndical pour un feuillet (1500 signes) est de l'ordre de 50 euros. Imaginez le coût d'un article bi- voire tri-hebdomadaire de 5000 signes, charges sociales incluses... Même rédigés dans un atelier d'écriture exotique, ce n'est pas rentable !

Eliminons aussi l'hypothèse peu crédible d'un pool de rédacteurs. Les articles de Morice ne sont que des patchworks informes, produits à la chaîne à coups de copier/traduire/coller. Avec un peu d'entraînement, il faut moins de 2 heures pour les rédiger (sic), OCR le cas échéant, piratage des photos et mise en forme incluses. Les différences de style d'un article à l'autre n'étant que la trace visible des écrits originaux ou l'oeuvre d'un traducteur automatique.

J'ai tenté une expérience. L'article sur Jim Gordon, a été fabriqué selon les méthodes éprouvées du LumpenProlétariat intellectuel™. Il m'a coûté moins de 3 heures, alors que j'ignorais jusqu'à l'existence de ce type, que c'est un sujet pour lequel je n'ai aucun d'intérêt et encore moins de compétences.
Ajoutons que c'était pratiquement mon premier essai et qu'à la différence de Morice, j'ai tenté de limiter les coquilles et les barbarismes. J'ai été incapable d'ajouter une quinzaine de liens vers la marque des baguettes de ce joueur de tam-tam, la dimension de sa grosse caisse ou la couleur de son slip lors d'un set inconnu avec le fantôme d'Elvis. Cela m'aurait pris tout au plus un quart d'heure de plus.

La loi de Pareto et la longue traîne


Et si l'existence (virtuelle) de Morice tenait au principe de Pareto et à son pendant la théorie de la longue traîne ?

Résumons... Le principe de Pareto (ou  Loi des 20-80) postule par exemple que 80% des ventes seront réalisées par 20% des références. La longue traîne ce sera les 20% des ventes réalisées par 80% des références.

Dans le monde physique, les hypermarchés mettent en tête de gondole les articles qui se vendent le mieux, quitte à ne réaliser que des marges unitaires réduites.
Un assortiment très large, lui, ne sera rentable qu'avec des coûts de production, de stockage et de distribution très réduits.

Morice ou l'anti tête de gondole

C'est là que Morice trouve une fonction économique à défaut d'une illusoire utilité sociale.

Un article (sic) de Morice a un coût de production inexistant, un coût de stockage presque nul et un coût de distribution tout aussi faible que n'importe quelle autre production virtuelle, citoyenne, alternative et collaborative (rayer les mentions inutiles).

Sur Agoravox, les articles les plus lus montent vite à plus de 10 000 visites. Il est rare qu'un article récent de Morice dépasse les 2 000 visites.

1) Prenons les articles publiés ce mois de janvier 2014 sur Agoravox. Dieudonné est à la mode.

Agoravox en publie donc plusieurs par jour avec l'espoir que n'importe lequel d'entre eux sera BIEN référencé par les robots de Google. Que les articles soient évalués avant parution par d'autres rédacteurs ne change rien à l'affaire. J'imagine que les propositions sur ce thème ne doivent pas manquer. De nombreux articles sur Dieudonné seront donc naturellement mis en ligne, sans qu'il soit besoin d'imaginer une quelconque manipulation. C'est la loi des grands nombres...

Même si ces articles ne sont pas très bien référencés par Google (la concurrence des vrais sites d'information est impitoyable), leur accumulation générera du trafic, donc des impressions de bannières. Nous sommes dans la première partie de la courbe postulée par la loi de Pareto.... Les paquets de lessive en têtes de gondoles...

L'inconvénient, c'est que dans quelques jours, Dieudonné sera remplacé par un autre buzz et les articles frelatés d'Agoravox auront dépassé leur date de péremption. Il faudra changer les têtes de gondoles. Fin des recherches, fin des impressions de bannières et game over pour l'existence (virtuelle) des zauteurs qui se voyaient déjà en haut de l'affiche.

2) A l'inverse, un article de Morice sur je ne sais quel hélicoptère amphibie à hélices hélicoïdales en tungstène des Carpates ne générera pas beaucoup de trafic immédiat. A dire vrai, tout le monde s'en fout de ces machins improbables ! Là encore, les procédures d'évaluations en vigueur sur Agoravox ne changent rien à l'affaire. Il se trouvera toujours une demi-douzaine de pairs pour valider un article qu'ils n'auront pas lu. C'est la loi du copinage...

L'avantage pour l'écosystème, c'est que l'article de Morice ne sera que très peu concurrencé par d'autres sites francophones. Il figurera en première page pour toutes les recherches sur l'expression "hélicoptère amphibie à hélices hélicoïdales en tungstène des Carpates" (guillemets compris) et ceci jusqu'à la fin des temps. Nous sommes dans le deuxième partie de la courbe postulée par la loi de Pareto... la longue traîne.

A ce jour, Morice c'est plus de 1000 articles publiés, une véritable ferme de contenus à lui tout seul. Il génère donc en permanence un flux de trafic frais, ce trafic rémunérateur dont tous les sites commerciaux sont si friands.
Ce sont les petits ruisseaux merdeux qui font les longs fleuves tranquilles, tout le monde connaît l'adage...

Morice, un maître étalon... du référencement naturel bidon !

Morice continue à utiliser la caricature d'une bidouille qui a connu son heure de gloire, mais il y a  plusieurs années. L'accumulation de termes rares et quelques liens en retour en provenance de sites hyper-spécialisés suffisaient alors à faire monter dans classement des pages de façon complètement artificielle (le spamdexing). En exagérant à peine, un article de Morice aurait pour principaux lecteurs les robots des moteurs de recherche...

Malheureusement, les robots de Google ont été dressés à repérer la duplication de contenus, y compris lorsqu'il s'agit de traductions, voire dans certains cas de paraphrases... Inutile de remuer le couteau dans la plaie, il est largement démontré que les articles de Morice relèvent très largement de ces trois catégories (voir ici, par exemple).

Camoufler des termes incongrus dans une pseudo-trame de (mauvais) roman d'espionnage n'est guère qu'un bricolage de besogneux sans talent. Faudrait quand même pas prendre les robots de Google pour des abrutis complets ! Ce n'est pas pour rien que Google investit des millions de dollars dans la recherche sémantique.

Une explication à la mystérieuse chute des visites pour les articles de Morice... et ce malgré ses efforts désespérés d'auto-trollage ? Les robots se seraient-ils lassés de cette sous-littérature de gare désaffectée de chef-lieu de canton dépeuplé ?

Même si les articles de Morice risquent une pénalisation par un effet sandbox, ils resteront toujours visibles et, là,  il faut reconnaître que c'est bien joué !
"J'étais devant, j'étais derrière, j'étais tout seul à l'enterrement", tous les paillards connaîssent la chanson !

Morice, larbin du système ?


La fonction de Morice dans l'écosystème devient donc plus claire. Produire médiocrement du médiocre contenu de longue traîne.

Le problème, c'est que Morice ne veut pas rester à sa place, c'est le syndrome du larbin. Morice ambitionne d'intervenir sur d'autres thématiques, celles qui font de l'audience immédiate, celles que l'on commente, celles qui ont une (infime) chance d'être reprises par un véritable média. Morice a beau cracher sur les médias mainstream, si l'un de ses articles était cité quelque part (enfin... sur un média aussi prestigieux que ce blog !), il ne manquerait pas de le claironner.

A vrai dire, Morice se verrait bien en Torquemada ou en Fouquier-Tinville de la Vérité Vraie des Forces du Bien !

Même qu'il a recopié des ses petits doigts agiles une saga en 17 épisodes et 85 000 signes sur Dieudonné. Saga dont il a du mendier la publication sur un obscur site canadien à l'accès pour le moins aléatoire... Parce que Morice est victime d'un complot :  l'infiltration de qu'il croit être SON ECOSYSTEME (alors qu'il n'en est que l'un des domestiques) par des hordes malfaisantes d'un complot fascisant des Forces du Mal.

Bien sûr, la réalité est plus prosaïque. Pour ces sujets, Morice ne sert strictement à rien. D'autres font tout aussi bien (mal ?) l'affaire que lui. Ces autres présentent surtout l'avantage de proposer autre chose que des copier/coller mal compris qui finiront en 98ème page des recherches. Le système n'a pas besoin d'un Morice pour générer ponctuellement du gros trafic. C'est cruel !
Chacun dans son pré et les vaches seront bien gardées, tout le monde connaît la maxime.


Voilà pourquoi Morice, a été renvoyé sans ménagement dans les dépendances pour récurer ses avions réformés, ses sous-marins rouillés et le tracteur agricole flambant neuf du maître du domaine !




(ci-dessus, en photo, par Armani, la longue traîne de la robe de mariée de Charlene de Monaco)

PS : En tête de l'article, la photo, c'est la longue traîne de la robe de mariée de Kate Middleton.


2 commentaires:

  1. L'utilité du Momo n'est pas dans une hypothétique recherche du succès. Surtout pas.
    La compétence et la modération du ton ne correspondent en rien aux objectifs de son employeur.
    Foin de démocratie ou de citoyenneté il faut le lire à la lumière des autres articles publiés sur le forum où il est la voix de son maître.
    Les soucoupes volantes, les sectes , les épiciers thérapeutes l'homéopathie et son commerce fructueux de poudre diluée à l'extrême c'est au milieu de ce tableau éditorial qu'il faut comprendre le rôle qu'il tient.
    Hélas
    Dans le meilleur des cas , le simple passant ne pourra jamais jouer autre chose que le rôle d'une simple marchandise dont le directeur propriétaire fait commerce auprès de ses clients les annonceurs publiciataires.
    Aussi , si vos critiques de Momo sont justifiées, il ne faudrait pas exonérer son employeur de sa responsabilité dans cette histoire.

    D. Furtif
    http://www.disons.fr/

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  2. Bonjour D. Furtif,
    Morice n'est que le baobab qui cache une forêt en décomposition!

    Que l'on fasse commerce d'imbécillités, c'est dans l'ordre des choses.
    En fait, c'est le concept même de média citoyen qui est une falsification...
    Je travaille à un billet sur le sujet, ça viendra en son temps.

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