Tintoret
L’Adoration des mages vers 1537-1538 huile sur toile 174 x 203 cm Madrid, Museo Nacional del Prado © Museo Nacional del Prado, dist. Rmn-GP / image du Prado |
500 ans après sa naissance, il n'est pas trop tard pour revenir sur les quinze premières années de la carrière du Tintoret. Lorsqu'il peint l'Adoration des Mages, Jacobo Robusti n'a pas vingt ans, lorsqu'il obtient la commande du Péché originel, le Tintoret n'en a pas trente-cinq.
L'exposition au Musée du Luxembourg - Tintoret, la naissance d'un génie, une coproduction du Wallraf-Richartz-Museum & Fondation Corboud (Cologne) et de la Réunion des Musée Nationaux - Grand Palais (Paris), retrace l'ascension d'un des génies de la Renaissance vénitienne.
Tintoret
Portrait d’homme (Lorenzo Soranzo?) 1547 huile sur toile 63 x 51 cm Nantes, musée d’Arts de Nantes © RMN-Grand Palais / Gérard Blot |
Tintoret
Judith dans la tente d’Holopherne vers 1554-1555 huile sur toile 58 x 119 cm Madrid, Museo Nacional del Prado © Museo Nacional del Prado, dist. Rmn-GP / image du Prado |
Si cette phase de la vie de Tintoret qui a suscité de nombreux
débats, est moins connue, c’est aussi une période décisive et
déterminante pour comprendre comment il se construit. L’exposition
propose ainsi de suivre les débuts d’un jeune homme ambitieux, pétri de
tradition vénitienne mais ouvert aux multiples idées et formes
artistiques venues du reste de l’Italie, décidé à renouveler la peinture
dans cette Venise cosmopolite du XVIe siècle qui cherche alors à donner
au monde une nouvelle image d’elle-même. Peinture religieuse ou
profane, décor de plafond ou petit tableau rapidement exécuté, portrait
de personnalité en vue ou d’ami proche, dessin ou esquisse… les œuvres
rassemblées rendent compte de la diversité du travail de Tintoret, de la
richesse de sa culture visuelle et intellectuelle, et de sa volonté de
frapper l’œil et l’esprit par son audace.
L’exposition déroule un
parcours thématique qui contribue à mettre en évidence les
caractéristiques de ces premières années d’activité :
1- Prendre son
envol,
2- Orner les salons,
3- Capter le regard,
4- Partager l’atelier,
5- Mettre en scène,
6- Observer la sculpture,
7- Peindre la femme.
L’exposition souligne ainsi les stratégies que Tintoret met en place
pour se faire connaître et s’attirer une clientèle cultivée et
influente, capable de lui procurer des commandes importantes à Venise.
Elle explore ses méthodes de travail, sa collaboration avec un autre
artiste du nom de Giovanni Galizzi qui décline à sa suite nombre de ses
modèles. Mais l’exposition décortique également le processus créatif de
Tintoret en montrant le rôle central qu’y joue l’émulation avec les
autres arts. Plusieurs de ses compositions représentant des bâtiments en
perspective agencés comme un décor de théâtre, attestent de ses
connaissances à la pointe de son temps en matière d’architecture et
témoignent également de ses rapports avec le monde du théâtre. L’artiste
collectionne par ailleurs les réductions de sculptures célèbres,
antiques aussi bien que modernes, s’exerce inlassablement à les dessiner
sous différents points de vue et multiplie les citations dans ses
propres peintures.
L’exposition met en évidence l’imagination
débordante, l’éclectisme mais aussi les tâtonnements d’un jeune artiste à
la recherche de son identité. Elle est l’occasion de faire le point sur
une période controversée de sa vie, d’affiner les connaissances et de
communiquer au public les dernières avancées de la recherche
scientifique, pour éclairer sa personnalité et son parcours. Elle
retrace en définitive l’ascension sociale d’un homme d’extraction
modeste, fils de teinturier, qui, grâce à son talent parvient à s’élever
dans la société, à s’imposer et à se faire un nom sans rien oublier de
ses propres origines, « Tintoretto » signifiant littéralement « le petit
teinturier ».
(source du texte : RMN - Grand Palais)
Tintoret, la naissance d'un génie. Musée du Luxembourg (Paris) du 7 mars au 1er juillet 2018.
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