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1908 |
Lundi 9 mars - Lundi soir, au bal des Mille-Colonnes, rue de la Gaîté.
Une salle surchauffée, électrisée de fluide humain, saturée d'exhalaisons rousses comme du brouillard en novembre. Des fresques criardes s'assortissaient aux hurlements des cuivres de l'orchestrion.
Des ouvriers endimanchés, nombre d'apprentis de métiers vagues et surtout une nuée de ces êtres réfractaires et asymétriques que l'engeance qui les traque et les méprise appelle voyous s'y trémoussaient deux par deux ou avec des danseuses le plus souvent veules et bonnes filles.
Par moment, dans cette cuvée de jeune chair gueuse, le remous ressemblait à une ébullition.
Dans le tas des lurons, qui s'affriolaient de houblon, d'alcool, de vertige et de chair, l'un d'eux mémorable, - à preuve ce récit, - nous requit aussitôt par son galbe hors pair, une étonnante souplesse de mouvements, une élégance inattendue.