lundi 18 octobre 2021

Dada situ

 

Raoul Hausmann - Le critique d'art (1919-1920)

Nous pensons comme vous que tout ordre qui paraît «inébranlable et assuré pour toujours» peut se disloquer très vite quand viennent certaines périodes favorables. Et les décorateurs — de tous les styles — de cet ordre s’évanouissent alors avec lui. 

lettre de Guy Debord à Raoul Hausmann (22 avril 1963)

 

Raoul Hausmann - ABCD, portrait de l'artiste - 1923-1924

 

 

Pour résumer, nous caractérisons le dadaïsme comme le moment révolutionnaire qui domine la culture de l’époque (et qui, en dépit de ses motivations négatives, a apporté une masse d’innovations dont s’est abondamment servi ce qui s’appelle actuellement l’art moderne). Au contraire, tout néo-dadaïsme se trouve être maintenant une reprise — plus ou moins dissimulée en paroles — de l’allure formelle du dadaïsme assorti d’une idéologie, d’une «justification» qui sont toujours réactionnaires (en jouant ouvertement sur ce fonds réactionnaire, comme Mathieu ; ou en l’enveloppant de quelque brume, comme plusieurs des «nouveaux réalistes»)

Lettre de Guy Debord à Raoul Hausmann (31 mars 1963)

 

Hannah HÖCH. Schnitt mit dem küchenmesser DADA durch die letzte weimarer Bierbauchkulturepoche Deutschlands (Coupé au couteau de cuisine à travers la dernière et weimarienne époque culturelle du ventre de bière allemand). 1919-1920,

 

 

L’art à son époque de dissolution, en tant que mouvement négatif qui poursuit le dépassement de l’art dans une société historique où l’histoire n’est pas encore vécue, est à la fois un art du changement et l’expression pure du changement impossible. Plus son exigence est grandiose, plus sa véritable réalisation est au delà de lui. Cet art est forcément d’avant-garde, et il n’est pas. Son avant-garde est sa disparition.  

Guy Debord - Thèse 190 de La Société du spectacle (1967)


Hannah Höch - Dada review - 1919


Le dadaïsme et le surréalisme sont les deux courants qui marquèrent la fin de l’art moderne. Ils sont, quoique seulement d’une manière relativement consciente, contemporains du dernier grand assaut du mouvement révolutionnaire prolétarien ; et l’échec de ce mouvement, qui les laissait enfermés dans le champ artistique même dont ils avaient proclamé la caducité, est la raison fondamentale de leur immobilisation. Le dadaïsme et le surréalisme sont à la fois historiquement liés et en opposition. Dans cette opposition, qui constitue aussi pour chacun la part la plus conséquente et radicale de son apport, apparaît l’insuffisance interne de leur critique, développée par l’un comme par l’autre d’un seul côté. Le dadaïsme a voulu supprimer l’art sans le réaliser ; et le surréalisme a voulu réaliser l’art sans le supprimer. La position critique élaborée depuis par les situationnistes a montré que la suppression et la réalisation de l’art sont les aspects inséparables d’un même dépassement de l’art

Guy Debord - Thèse 191 de La Société du spectacle (1967)

 

George GROSZ."Daum" marries her pedantic automaton "George" in May 1920, John Heartfield is very glad of it (Meta-Mech. Constr. after Prof. R. Hausmann), collage, 1920

 

3 commentaires:

  1. Ces gloses sur ce qui est ou ce qui devraient être ont fini par me lasser.
    De quoi se mêlent-ils ?

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  2. Comment peut-on lire sans amertume ces jeux stériles?
    "Le dadaïsme a voulu supprimer l’art sans le réaliser ; et le surréalisme a voulu réaliser l’art sans le supprimer. La position critique élaborée depuis par les situationnistes a montré que la suppression et la réalisation de l’art sont les aspects inséparables d’un même dépassement de l’art. "

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    1. C'est du Debord du temps qu'il était encore crypto-hégélien !
      Pourtant, Debord est un des grand stylistes du XXème siècle, dans la lignée du cardinal de Retz.
      Il faut ABSOLUMENT lire Panégyrique. C'est de grand art...

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