Michéa a accepté, mais en posant ses conditions: pas de rencontre, les questions devaient être posées par courriel – sans possibilité, donc, pour les journalistes de rebondir sur ses réponses. Crainte de voir ses propos déformés? Attitude significative d’un refus du dialogue de la part de ces intellos «nouveaux conservateurs»? Sans doute, quand on voit le ton adopté par le philosophe pour répondre – par courriel, donc – à nos questions, évidemment critiques. Michéa consacre plus de lignes à aligner Libération, qu’à préciser sa pensée. Nous avons malgré tout décidé de publier cette interview dans son intégralité. Dommage, seulement, que celle-ci n’ait pas pu avoir lieu dans le cadre d’un vrai débat, face à face.
jeudi 30 mars 2017
lundi 20 mars 2017
Lire ou relire Barjavel ?
Billet de Chalou publié à l'origine sur Fier-Panda
Il y a sur terre de nombreuses injustices. Harald
Schumacher à Séville en 1982, la lose d’Arlette Laguillier, le manque de
reconnaissance au patrimoine culturel et gustatif gaulois du pâté Henaff, etc.
Cependant, la plus grande de toutes est la façon dont l’un des grands
dystopiens de la littérature française, à savoir René Barjavel, est tombé dans
les oubliettes de l'histoire littéraire. Nous avons tous lu Barjavel
(1911-1985), dont les œuvres ont marqué la littérature « populaire »
des années 1960-1970 : La Nuit des temps, Ravage, Les
Chemins de Katmandou, Le Grand secret, j’en passe et des meilleurs.
Cependant, est-il question de voir en lui un grand auteur ? C’est là que
le bât blesse. Dans une France où la littérature de supermarché desdits Tonino
Benacquista, Guillaume Musso, Bernard Werber, etc. (vous savez, celle qui
s’apprécie en écoutant du François Valéry ou de la Compagnie créole) continue
de rendre les cohortes beaufs de notre pays qui s’imaginent lire de la
littérature encore plus ignorantes, il paraît incongru de penser que des vrais
auteurs, tel ce bon vieux René Barjavel, qui ont des couilles, ont existé.
vendredi 17 mars 2017
Un socialiste de tempérament
Nous avions alors pour portier de la maison que nous habitions rue de la Madeleine, un homme fort mal famé dans le quartier, ancien soldat, un peu timbré, ivrogne et grand vaurien, qui passait au cabaret tout le temps qu’il n’employait point à battre sa femme. On peut dire que cet homme était socialiste de naissance ou plutôt de tempérament.
Alexis de Tocqueville - Souvenirs
lundi 13 mars 2017
Tous pourris !
La nation entière s'ennuyait à les entendre (...)
Quelques faits de éclatants de corruption découverts par hasard lui faisant supposer partout de cachés, lui avaient persuadé que la classe qui gouvernait était corrompue, et elle avait conçu pour celle-ci un mépris tranquille qu'on prenait pour une soumission confiante et satisfaite.
Alexis de Tocqueville - Souvenirs
dimanche 12 mars 2017
Le bruit et l'odeur ?
Cent ivrognes mâles et femelles peuplent ces briques et farcissent l'écho de leurs querelles vantardes, de leurs jurons incertains et débordants, après les déjeuners du samedi surtout.
L.-F. CÉLINE - Voyage au bout de la nuit (1932)
samedi 11 mars 2017
Un fils de bonne famille !
Non seulement Jésus Christ était fils de Dieu, mais encore il était d'excellente famille de côté de sa mère.
Mgr Hyacinthe-Louis de Quélen (1778 - 1839, archevêque de Paris)
vendredi 10 mars 2017
Les limites de la bourgeoisie ou l'esprit de la classe moyenne
En 1830, le triomphe de la classe moyenne avait été définitif et si complet que tous les pouvoirs politiques, toutes les prérogatives, le gouvernement tout entier se trouvèrent renfermés et comme entassés dans les limites étroites de cette bourgeoisie, à l'exclusion, en droit, de tout ce qui était en dessous d'elle et en fait, de tout ce qui avait été au-dessus (...)
L'esprit particulier de la classe moyenne devint l'esprit général du gouvernement; il domina la politique extérieure aussi bien que les affaires du dedans : esprit actif, industrieux, souvent déshonnête, généralement rangé, téméraire quelquefois par vanité et par égoïsme, timide par tempérament, modéré en toute chose, excepté dans le goût du bien-être, et médiocre; esprit, qui, mêlé à celui du peuple ou de l'aristocratie, peut faire merveille, mais qui, seul, ne produira jamais qu'un gouvernement sans vertu et sans grandeur (...)
(La classe moyenne) se logea dans toutes les places, augmenta prodigieusement le nombre de celles-ci et s'habitua à vivre presque autant du Trésor public que de sa propre industrie.
Tocqueville - Souvenirs
jeudi 9 mars 2017
Une solution élégante à un vieux problème
Quand un philosophe de l'Aufklärung cache la poussière sous le tapis !
La Lettre n'est pas l'Esprit et la Bible n'est pas Religion.
En conséquence, des objections contre la Lettre et contre la Bible ne sont pas des objections contre l'Esprit et contre la Religion.
De plus, la Bible contient plus que ce qui touche à la Religion et c'est une pure hypothèse que la Bible doive au surplus être infaillible.
Ainsi, la Religion existait avant qu'il y eut une Bible. Le Christianisme existait avant que les Évangélistes et les Apôtres n'écrivent.
Gotthold Ephraim Lessing - 1778
mercredi 8 mars 2017
L'excès de moraline nuit gravement à la santé
Il faudrait d'abord que cette gauche 'citoyenne' commence par chasser du temple socialiste tous ces 'honnêtes esclaves' que moquait jadis Guy Debord et dont l'unique crainte est 'qu'on puisse les soupçonner d'être passéistes'. Honnêtes esclaves qui ont d'ailleurs logiquement fini par constituer le nouveau noyau dur de ses légions militantes et 'associatives', tout comme la source permanente de son moralisme arrogant et de sa bonne conscience insupportable.
Jean-Claude Michéa - La gauche et le peuple
mardi 7 mars 2017
L'obscurantisme révolutionnaire
Songez, que pour règler les destinées du monde, vous n'avez qu'à vouloir. Vous êtes les créateurs d'un monde nouveau, dites que la lumière soit, et la lumière sera.
Boissy d'Anglas
lundi 6 mars 2017
Armand ROBIN - Éluard, le poète de luxe du capitalisme finissant
Le deuil de Paul Eluard,
nous le portons depuis bientôt dix ans. Aujourd'hui, nous avons
conscience de rester les seuls à porter ce deuil selon la vérité.
A l'occasion de cette
mort, on a partout affaire à de la partisanerie : la presse soi-disant
anticommuniste et la presse soi-disant communiste s'étendent,
méchamment, pour ne voir en ce poète que ce qu'il s'est laissé devenir.
Pas une ligne, nulle part, pour dire ce qu'il était. Ici, c'est de LUI
que nous parlerons.
dimanche 5 mars 2017
Les conseils de conchyliculture de Georges Bernanos
C'est une folle imprudence d'avoir déraciné les imbéciles, vérité qu'entrevoyait M. Maurice Barrès. Telle colonie d'imbéciles solidement fixée à son terroir natal, ainsi qu'un banc de moules au rocher, peut passer pour inoffensive et même fournir à l’État, à l'industrie un matériel précieux. L'imbécile est d'abord un être d'habitude du parti pris. Arraché à son milieu il garde, entre ses deux valves étroitement closes, l'eau du lagon qui l'a nourri. Mais la vie moderne ne transporte pas seulement des imbéciles d'un lieu à l'autre, elle les brasse avec une sorte de fureur. La gigantesque machine, tournant à pleine puissance, les engouffre par milliers, les sème à travers le monde, au gré de ses énormes caprices. Aucune autre société que la nôtre n'a fait une si prodigieuse consommation de ces malheureux. Ainsi que Napoléon les "Marie-Louise" de la campagne de France, elle les dévore alors que leur coquille est encore molle, elle ne les laisse même pas mûrir. Elle sait parfaitement que, avec l'âge et le degré d'expérience dont il est capable, l'imbécile se fait une sagesse imbécile qui le rendrait coriace.
Georges Bernanos, Les grands cimetières sous la lune
Cabot de la Loire écrirait-il comme une poire parlait ?
Portrait imaginaire du Cabot de la Loire |
Il devenait souvent obscur, parce qu'il se lançait hardiment et, pour ainsi dire tête baissée, dans de longues phrases dont il n'avait pas d'avance su mesurer l'étendue ni apercevoir le bout, et dont il sortait enfin de force par une voie de fait, en brisant le sens et en ne terminant pas la pensée.
Alexis de Tocqueville - Souvenirs (A propos de Louis-Philippe)
samedi 4 mars 2017
Dis grand-père, c'était quoi la gauche ?
Si tu avais appris à lire, tu pourrais lire ça !
Dionys MASCOLO – Sur le sens et l’usage
du mot « gauche »
Ce qui empêche l'homme qui se dit de gauche d'être un révolutionnaire, c'est précisément qu'il ait de l'homme une idée préconçue (...)
vendredi 3 mars 2017
Bruce Bégout, Orwell et la décence ordinaire
Bruce
Bégout : « Les exemples de l’indécence sociale sont multiples,
quotidiens, gigantesques »
Toujours, revenir à Orwell. L’écrivain
anglais n’a pas seulement livré une œuvre romanesque passionnante. Mais a aussi
analysé avec une rare clairvoyance les problèmes politiques de son temps - et
du nôtre. Dans De La Décence ordinaire (2008), Bruce Bégout revenait sur la pensée d’Orwell,
analysant une part méconnue et très contemporaine de son œuvre. On a voulu en
savoir plus.
jeudi 2 mars 2017
Jean-Claude Michéa remet quelques pendules à l'heure chez Drahi
Le plumitif salarié par Drahi est susceptible ! D'autant plus quand Jean-Claude Michéa lui rappelle quelques évidences dans cet entretien
Michéa a accepté, mais en posant ses conditions: pas de rencontre, les questions devaient être posées par courriel – sans possibilité, donc, pour les journalistes de rebondir sur ses réponses. Crainte de voir ses propos déformés? Attitude significative d’un refus du dialogue de la part de ces intellos «nouveaux conservateurs»? Sans doute, quand on voit le ton adopté par le philosophe pour répondre – par courriel, donc – à nos questions, évidemment critiques. Michéa consacre plus de lignes à aligner Libération, qu’à préciser sa pensée. Nous avons malgré tout décidé de publier cette interview dans son intégralité. Dommage, seulement, que celle-ci n’ait pas pu avoir lieu dans le cadre d’un vrai débat, face à face.
Michéa a accepté, mais en posant ses conditions: pas de rencontre, les questions devaient être posées par courriel – sans possibilité, donc, pour les journalistes de rebondir sur ses réponses. Crainte de voir ses propos déformés? Attitude significative d’un refus du dialogue de la part de ces intellos «nouveaux conservateurs»? Sans doute, quand on voit le ton adopté par le philosophe pour répondre – par courriel, donc – à nos questions, évidemment critiques. Michéa consacre plus de lignes à aligner Libération, qu’à préciser sa pensée. Nous avons malgré tout décidé de publier cette interview dans son intégralité. Dommage, seulement, que celle-ci n’ait pas pu avoir lieu dans le cadre d’un vrai débat, face à face.
mercredi 1 mars 2017
Désespérer Saint-Germain-des-Prés... et la Place du Colonel Fabien
Combien de fois, en Allemagne, en 1932, un communiste et un nazi, discutant dans la rue, ont été frappés de vertige mental en constatant qu'ils étaient d'accord sur tous les points !
Simone Weil (1940)
Simone Weil (1940)