vendredi 29 septembre 2017

Aucun signe de vie à Beyrouth en 1991


Photos de Gabriele Basilico - Textes d'Asinus.

Avec le temps, seul, de loin en loin, le souvenir entretient la permanence des explosions, là bas. Elles font ressurgir ce sentiment d’inachevé, de dérisoire. La peur imprégnée jusqu’aux os git maintenant au fond d’une boite parmi les photos jaunies, un ou deux rubans avec breloques dorées.
Une autre vie



J’ai vu … Toujours aussi oppressant. J’ai essayé d’expliquer à Lavigue l’écart entre le grouillement de la rue avant et ce désert lugubre.
En plus le photographe a choisit une saison que l’on n’assimile pas à Beyrouth  "saison qui existe" mais est manifestement évacuée de nos repères géographique, cette ville occidentale en Orient
montre des stigmates par endroits on dirait du Berlin 45 sauf que ceux qui se sont entre-massacrés vivaient sur le même palier , le 93 de demain, putain de blues je vas au jardin moi ….
Commentaire d'Asinus dans le jardin de MaisDisons-Hebdo


L'Egg, le cinéma dont parle Asinus.


Yep, la rue Gourand et le cinéma " le bunker ". Certaines destruction sont antérieures vers 81/83. Pour qui a connus ces quartier avant, même chic et européanisé, c’était des rues moyen-orientales avec plus de vie et d'interaction que chez nous. Ce désert de silence a du probablement traumatiser autant que les explosions les vieux beyrouthins.

De mémoire, autour du cinéma,  Amal et Kataeb se sont finis à coups de cocktails molotovs... étages étages...   et déjà " les snippers" de tous les camps tapaient le civil de 7 a 77ans s'aventurant dans ces rues.

Tous disent que dieu est né dans le coin. Yep ! Il a du se barrer en courant. Des gens ayant vécu un millénaire ensemble se sont égorgés du jour au lendemain. Le photographe est un sacré pro pour qui connait le ciel bleu du coin,  le temps choisi accentue le sentiment oppressant !

Pour qui a connu Beyrouth avant ces photos, une seule impression : la mort est passée ....
Asinus, le 29 septembre 2017














Crédit Photos : Gabriele Basilico, 1991
Textes d'Asinus, le 29 septembre 2017


Petite bibliographie aléatoire :
Asinus - Lourd comme la peur, le poids des souvenirs.
Raphaële Bertho - Beyrouth par Basilico, ou la possibilité d'une ville
Un article de l'Huma
Un compte-rendu de l'expo au Logis abbatial de l'Abbaye de Jumièges.

Quelques remarques sans importance, sauf pour moi.
Ce billet était prêt depuis plusieurs semaines. C'était un moment où je cherchais des photos d'enseignes, ces signs qui ponctuent beaucoup de photographies américaines. Par hasard, j'avais trouvé ces photos d'une ville sans enseignes. Dans mon esprit, c'était pour faire le pendant de ces photos de Raymond Hodde et Ernest Pearson à Springfield (Illinois), par exemple...

Il y avait les photos de Basilico. Et puis sont venus les commentaires d'Asinus. Deux vrais regards qui se complètent. Deux témoins qui dialoguent. Ce billet ne dit plus du tout la même chose. C'était superficiel, c'est devenu oppressant...

11 commentaires:

  1. yep , la rue Gourand et le cinéma " le bunker " certaines destruction sont antérieures
    vers 81/83 , pour qui a connus ces quartier avant même chic et européanisé c’était des rue moyen orientale avec plus de vie et d'interaction que chez nous .Ce désert de silence a du probablement traumatiser autant que les explosions les vieux beyrouthins.
    De mémoire autour du cinéma Amal et kataeb ce sont finis a coup de coktails molotovs étages étages et déjà " les snippers" de tous les camps tapaient le civil de 7 a 77ans s'aventurant dans ces rues .Tous disent que dieu est né dans le coin , yep il a du se barrer en courant des gens ayant vécu un millénaire ensemble ce sont égorgés du jour au lendemain .Le photographe est un sacré pro pour qui connait le ciel bleu du coin le temps choisit accentue le sentiment oppressant ! Mr Lavigue si mon propos est trop verbeux ne l'édité pas juste pour qui a conne Beyrouth avant ces photos
    une seule impression la mort est passée ....
    Asinus

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    1. désolé pour les fautes pffff j'accuserai volontiers le clavier ,mais je suis le seul responsable je confond les touches
      asinus

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  2. Ce qui me fait rigoler doucement c'est la quantité de cloportes qui viennent lui reprocher son manque d'article sur Maboul.
    Oh les sombres larves!

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  3. Si Asinus n'a jamais rien eu d'insignifiant à dire il a toujours malheureusement pensé qu'il n'avait pas de légitimité pour le faire.

    S'il n'y avait pas eu Léon et toi pour le tanner tout ça serait resté dans les limbes.

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  4. J'ai connu Beyrouth avant et je l'ai laissé presque dans cet état. Mes souvenirs: La Place des Martyrs, dite aussi Place des Canons et ses palmiers monumentaux, d'où partaient les taxis-service pour tous les coins du Liban et puis le souk et un coin particulier le 'souk frangie'(marché français) près du marché au fleurs où quand on avait un coup de blues on pouvait acheter un fromage de France et autres raretés charcutières.
    Aujourd'hui quand je regarde ce qu'est devenu le souk (https://archnet.org/sites/6887/media_contents/77117), je n'en crois pas mes yeux. Avant c'était surtout des bruits et des odeurs, tout cela a l'air complètement aseptisé.
    Le souk c'était un bordel incroyable (le souk, quoi) avec les changeurs Arméniens, les bouchers qui étalaient sur le trottoir tête et pattes des animaux fraîchement abattus, les tripes encore noires dans des seaux d'eau. Bien sûr mon Liban est un Liban de carte postale, et je suppose que les gens d'aujourd'hui apprécient la propreté et l'hygiène des lieux.
    Les affiches des cinémas, gigantesques, étaient alors peintes à la main. Dans les rues plein de petits boulots : vendeurs de café, de thé, cireurs de godasses qui venaient vous relancer jusque chez le coiffeur.
    Les magasins, même dans le centre, étaient alors de très petite taille, souvent réduits pour ce qui concerne l'alimentation à une fenêtre (chebbak) donnant sur la rue, On pouvait acheter depuis la rue le pain libanais encore chaud (khebbez et pas pita). Les rôtisseries étaient nombreuses (poulets avec cette sauce typique à l'ail et à la pomme de terre, chawarmas de mouton).
    Pour un petit dessert on pouvait s'offrir une glace libanaise (bouza) servie à la spatule dans un cornet d'une forme tout à fait particulière, l'esquimau plus pratique (bouza bel rashbe) venait de faire son apparition.
    Dans ce Beyrouth là impossible de garer sa bagnole, alors on laissait les clés à un gamin qui tournait avec ; on récupérait son carrosse à une heure et un lieu convenu, le tarif était presque officiel et les gamins se battaient pour défendre leur zones.
    Je remarque que la librairie Antoine existe toujours dans le centre.
    Encore un détail la livre libanaise d'alors (piastre) était alignée sur le mark allemand autour de 2,30 FF). Je vois aujourd'hui des coupures de 10000 livres pour faire des achats courants.
    Difficile de ne pas rebondir sur la remarque d'Asinus concernant le 93. Je vois la société française en cours de 'libanisation', j'ai l'impression de revivre un cauchemar.
    Merci à l'auteur de nous donner l'occasion d'évoquer quelques souvenirs, eh oui pour ceux qui ne le sauraient pas il pleut en hiver à Beyrouth disons de novembre à avril et il y a des orages terribles amplifiés par les montagnes alentour.

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  5. marhaba Abou Antoun , on ne s'en remet pas n'est ce pas ?quand on a connu la cohue chaleureuse que vous avez si bien décrite.De savoir que tout s'est effondré tout c'est envolé , j'ai traversé ces quartier bien après ces foules heureuses " parce que vivantes un luxe que l'Orient sait apprécier "etre vivant" en blindé déja tout semblait perdu envolé .Bien sur la jeunesse de mes souvenirs enjolive le sépia des photos de ma mémoire.Juste une réminiscence , j'ai vus sur les écrans des images de ce qui reste des souks d'Alep un déchirement beaucoup évoquent les vieilles pierres moi je me rappelle de tout ces jeunes hommes en polo qui suivaient des yeux nos compagnes et nous interpellaient gouailleusement nous "les roumis " plus que les vieilles pierres si belles savoir que cette jeunesse a été conduite au tombeau . merci encore a Lavigue de nous donner a voir les choses " importantes"
    Asinus

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  6. Bonjour Asinus,
    Effectivement, on ne s'en remet pas. Pour la première fois au Liban j'ai expérimenté la situation "d'expat". Le Liban m'a radicalement changé, m'a converti si on peut dire à ses valeurs et à son style de vie, m'a envoûté.
    De retour en France, mon lieu de travail étant détruit, j'ai dû faire un effort de ré-acclimatation. Cela ne s'est jamais reproduit dans plusieurs autres pays où j'ai vécu et travaillé je suis resté Français et un peu Libanais (d'où mon pseudo qui en est à peine un).

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  7. Asinus,
    Oui j'ai bien connu Alep et ses souks aussi où l'artisanat était beaucoup mieux représenté qu'à Beyrouth. Mon point de chute était l'hôtel Baron (tenu par des Arméniens, nombreux à Alep, si mes souvenirs sont exacts), mais aussi toute la Vallée de l'Euphrate jusqu'à Deir Ez Zor (Tabka, Mari, Doura Europos, etc...). A Deir Ez Zor la cuisine était déjà irakienne (Masgouf).

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    2. C'est nettoyé... Abou Antoun, tu peux revenir au sujet !

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    3. Merci, j'y pense dès que j'ai un moment je ponds un truc sur les taxis beyrouthins.

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