Je ne sais pas si c'est encore autorisé...
La Chanson du décervelage (1898)
 
 
 Je fus pendant longtemps ouvrier ébéniste,
Je fus pendant longtemps ouvrier ébéniste,
 Dans la ru’ du Champ d’Mars, d’la paroiss’ de Toussaints.
Dans la ru’ du Champ d’Mars, d’la paroiss’ de Toussaints.
 Mon épouse exerçait la profession d’modiste,
Mon épouse exerçait la profession d’modiste,
 Et nous n’avions jamais manqué de rien. —
   Et nous n’avions jamais manqué de rien. —
 Quand le dimanch’ s’annonçait sans nuage,
   Quand le dimanch’ s’annonçait sans nuage,
 Nous exhibions nos beaux accoutrements
   Nous exhibions nos beaux accoutrements
 Et nous allions voir le décervelage
   Et nous allions voir le décervelage
 Ru’ d’l’Échaudé, passer un bon moment.
   Ru’ d’l’Échaudé, passer un bon moment.
 Voyez, voyez la machin’ tourner,
               Voyez, voyez la machin’ tourner,
 Voyez, voyez la cervell’ sauter,
               Voyez, voyez la cervell’ sauter,
 Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
               Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
 (Chœurs) :  Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
(Chœurs) :  Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
 
 
 
 
 
 Nos deux marmots chéris, barbouillés d’confitures,
Nos deux marmots chéris, barbouillés d’confitures,
 Brandissant avec joi’ des poupins en papier,
Brandissant avec joi’ des poupins en papier,
 Avec nous s’installaient sur le haut d’la voiture
Avec nous s’installaient sur le haut d’la voiture
 Et nous roulions gaîment vers l’Échaudé. —
   Et nous roulions gaîment vers l’Échaudé. —
 On s’précipite en foule à la barrière,
   On s’précipite en foule à la barrière,
 On s’fich’ des coups pour être au premier rang ;
   On s’fich’ des coups pour être au premier rang ;
 Moi je m’mettais toujours sur un tas d’pierres
   Moi je m’mettais toujours sur un tas d’pierres
 Pour pas salir mes godillots dans l’sang.
   Pour pas salir mes godillots dans l’sang.
 Voyez, voyez la machin’ tourner,
               Voyez, voyez la machin’ tourner,
 Voyez, voyez la cervell’ sauter,
               Voyez, voyez la cervell’ sauter,
 Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
               Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
 (Chœurs) :  Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
(Chœurs) :  Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
 
 
 
 
 Bientôt ma femme et moi nous somm’s tout blancs d’cervelle,
Bientôt ma femme et moi nous somm’s tout blancs d’cervelle,
 Les marmots en boulott’nt et tous nous trépignons
Les marmots en boulott’nt et tous nous trépignons
 En voyant l’Palotin qui brandit sa lumelle,
En voyant l’Palotin qui brandit sa lumelle,
 Et les blessur’s et les numéros d’plomb. —
   Et les blessur’s et les numéros d’plomb. —
 Soudain j’perçois dans l’coin, près d’la machine,
   Soudain j’perçois dans l’coin, près d’la machine,
 La gueul’ d’un bonz’ qui n’m’revient qu’à moitié.
   La gueul’ d’un bonz’ qui n’m’revient qu’à moitié.
 Mon vieux, que j’dis, je r’connais ta bobine,
   Mon vieux, que j’dis, je r’connais ta bobine,
 Tu m’as volé, c’est pas moi qui t’plaindrai.
   Tu m’as volé, c’est pas moi qui t’plaindrai.
 Voyez, voyez la machin’ tourner,
               Voyez, voyez la machin’ tourner,
 Voyez, voyez la cervell’ sauter,
               Voyez, voyez la cervell’ sauter,
 Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
               Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
 (Chœurs) :  Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
(Chœurs) :  Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
 
 
 
 
 Soudain j’me sens tirer la manch’ par mon épouse :
Soudain j’me sens tirer la manch’ par mon épouse :
 Espèc’ d’andouill’, qu’ell’m’dit, v’là l’moment d’te montrer :
Espèc’ d’andouill’, qu’ell’m’dit, v’là l’moment d’te montrer :
 Flanque-lui par la gueule un bon gros paquet d’bouse,
Flanque-lui par la gueule un bon gros paquet d’bouse,
 V’là l’Palotin qu’a just’ le dos tourné. —
   V’là l’Palotin qu’a just’ le dos tourné. —
 En entendant ce raisonn’ment superbe,
   En entendant ce raisonn’ment superbe,
 J’attrap’ sus l’coup mon courage à deux mains :
   J’attrap’ sus l’coup mon courage à deux mains :
 J’flanque au Rentier une gigantesque merdre
   J’flanque au Rentier une gigantesque merdre
 Qui s’aplatit sur l’nez du Palotin.
   Qui s’aplatit sur l’nez du Palotin.
 Voyez, voyez la machin’ tourner,
               Voyez, voyez la machin’ tourner,
 Voyez, voyez la cervell’ sauter,
               Voyez, voyez la cervell’ sauter,
 Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
               Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
 (Chœurs) :  Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
(Chœurs) :  Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
 
 
 
 
 Aussitôt j’suis lancé par-dessus la barrière,
Aussitôt j’suis lancé par-dessus la barrière,
 Par la foule en fureur je me vois bousculé
Par la foule en fureur je me vois bousculé
 Et j’suis précipité la tête la première
Et j’suis précipité la tête la première
 Dans l’grand trou noir d’ous qu’on n’revient jamais. —
   Dans l’grand trou noir d’ous qu’on n’revient jamais. —
 Voilà c’que c’est qu’d’aller s’prom’ner l’dimanche
   Voilà c’que c’est qu’d’aller s’prom’ner l’dimanche
 Ru’ d’l’Échaudé pour voir décerveler,
   Ru’ d’l’Échaudé pour voir décerveler,
 Marcher l’Pinc’-Porc ou bien l’Démanch’-Commanche,
   Marcher l’Pinc’-Porc ou bien l’Démanch’-Commanche,
 On part vivant et l’on revient tudé.
   On part vivant et l’on revient tudé.
 Voyez, voyez la machin’ tourner,
               Voyez, voyez la machin’ tourner,
 Voyez, voyez la cervell’ sauter,
               Voyez, voyez la cervell’ sauter,
 Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
               Voyez, voyez les Rentiers trembler ;
 (Chœurs) :  Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
(Chœurs) :  Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
 
Quand on peut rendre service.
RépondreSupprimerVersion musicale
Mais....
Le sentiment que la Chanson "Paris Paris" du fim Viva Maria joue plus qu'un peu avec les réminiscences
Merci Furtif,
RépondreSupprimeren musique c'est encore mieux !