Depuis l’Antiquité,
 la géographie homérique a donné lieu à des problèmes et à de 
l’incertitude. La conformité des villes, pays et îles, que le poète 
décrit souvent avec une abondance de détails, avec des sites 
méditerranéens traditionnels est habituellement seulement partielle ou 
même inexistante. Nous trouvons divers cas dans Strabon (le géographe et
 historien grec, 63 av. JC – 23 apr. JC), qui, par exemple, n’expliquent
 pas pourquoi l’île de Pharos, située juste en face du port 
d’Alexandrie, semble dans l’Odyssée se trouver inexplicablement
 à un jour de navigation de l’Egypte. Il y a aussi la question de la 
localisation d’Ithaque, qui, d’après des indications très précises 
trouvées dans l’Odyssée, est la plus à l’ouest dans un archipel qui 
comprend trois îles principales, Doulichion, Samé et Zacynthe. Cela ne 
correspond pas à la réalité géographique de l’Ithaque grecque dans la 
mer Ionienne, située au nord de Zacynthe, à l’est de Cephallenia et au 
sud de Leucas. Et ensuite, que faire du Péloponnèse, décrit comme une 
plaine dans les deux poèmes?
Cependant, la géographie homérique est 
tout aussi problématique pour les spécialistes contemporains. Par ex., 
le Pr. Moses Finley affirme «la complète absence de contact entre la 
géographie mycénienne, telle que nous la connaissons d’après les 
tablettes et l’archéologie, et les récits d’Homère. Les tentatives qui 
ont été faites pour les réconcilier (…) ne sont pas convaincantes» (The World of Odysseus,
 App. II). A son tour, le Pr. Franco Montanari déclare que «concernant 
les correspondances entre la géographie homérique et la mycénienne, de 
nombreux pas en arrière ont été faits, dans la mesure où on insiste 
maintenant sur les divergences» (Introduction to Homer, Chap. 6).
En d’autres mots, la géographie 
homérique se réfère à un contexte avec une topographie qui nous est 
familière, mais qui, si on la compare à la disposition physique réelle 
du monde grec, révèle des anomalies flagrantes, qui sont difficiles à 
expliquer, ne serait-ce qu’en raison de leur cohérence tout au long des 
deux poèmes. Par exemple, le Péloponnèse apparaît comme une plaine non 
pas sporadiquement mais régulièrement, et Doulichion, la «longue île» 
(en grec «dolichos» signifie «long») située près d’Ithaque, est 
mentionnée à de nombreuses reprises non seulement dans l’Odyssée mais aussi dans l’Iliade,
 mais ne fut jamais retrouvée dans la Méditerranée. Nous sommes ainsi 
confrontés à un monde qui semble réellement proche et inaccessible, 
en-dehors de quelques convergences occasionnelles, bien que les noms 
soient familiers (cela tend cependant à être plus trompeur qu’autre 
chose pour résoudre le problème).
Une clé possible pour pénétrer finalement ce monde mystérieux est fournie par Plutarque (46-120 apr. JC). Dans son ouvrage De facie quae in orbe lunae apparet («Le
 visage qui apparaît dans le cercle de la lune»), il fait une 
affirmation surprenante: l’île d’Ogygie, où Calypso retient Ulysse avant
 de lui permettre de retourner à Ithaque, est située dans l’Océan 
Atlantique Nord, «à cinq jours de navigation de la [Grande]-Bretagne».
Les indications de Plutarque nous 
conduisent à identifier Ogygie avec l’une des îles Féroé (où nous 
tombons aussi sur une île avec un nom à la consonance grecque: Mykines).
 En partant de là, la route vers l’est, que suit Ulysse (Livre V de l’Odyssée)
 dans son voyage d’Ogygie à Schérie nous permet de localiser cette 
dernière, c’est-à-dire le pays des Phéaciens, sur la côte sud de la 
Norvège, dans une région cadrant parfaitement avec le récit de son 
arrivée, où les traces archéologiques de l’Age du Bronze sont 
abondantes. De plus, alors que d’une part «sker» en vieux norrois 
signifie «rocher dans la mer», d’autre part, dans le récit de l’arrivée 
d’Ulysse, Homère décrit l’inversion du courant de la rivière, qui est 
inconnue dans le monde méditerranéen mais qui est typique des estuaires 
atlantiques pendant la marée haute.
De
 là les Phéaciens emmènent Ulysse à Ithaque, située à l’extrémité d’un 
archipel, que Homère décrit dans les moindres détails. A ce moment, une 
série de parallèles précis rend possible l’identification d’un groupe 
d’îles danoises, au sud de la mer Baltique, qui correspondent exactement
 à toutes les indications d’Homère. En fait, l’archipel des Fyn du Sud 
comprend trois îles principales: Langeland (la «longue île»; qui résout 
finalement l’énigme de la mystérieuse île de Doulichion), Aerö (qui 
correspond parfaitement à la Samé homérique) et Täsinge (l’ancienne 
Zacynthe). La dernière île de l’archipel, située à l’ouest, «face à la 
nuit», est l’Ithaque d’Ulysse, aujourd’hui connue sous le nom de Lyö. Il
 est stupéfiant de voir à quel point cela coïncide étroitement avec les 
indications du poète, non seulement par la position, mais aussi par ses 
traits topographiques et morphologiques. Et ici, parmi ce groupe d’îles,
 nous pouvons aussi identifier la petite île «dans le détroit entre 
Ithaque et Samé», où les soupirants de Pénélope tentèrent de piéger 
Télémaque.
De plus, l’Elis, c’est-à-dire l’une des 
régions du Péloponnèse, est décrite comme se trouvant en face de 
Doulichion. On peut facilement l’identifier avec une partie de la grande
 île danoise de Seeland. Par conséquent, cette dernière est le 
«Péloponnèse» d’origine, c’est-à-dire «l’île de Pélops», dans le vrai 
sens du mot «île» («nêsos» en grec). D’autre part, le Péloponnèse grec 
(qui se trouve dans une position similaire dans la mer Egée, 
c’est-à-dire sur son coté sud-ouest) n’est pas une île, malgré son nom. 
En outre, les détails rapportés dans l’Odyssée concernant le 
rapide voyage de Télémaque en chariot de Pylos à Lacédémone, à travers 
une «plaine où pousse le blé», ainsi que la guerre entre les Pyliens et 
les Epéens, telle qu’elle est racontée dans le Livre XI de l’Iliade,
 ont toujours été considérés comme incohérents par rapport à la 
géographie accidentée de la Grèce, alors qu’ils cadrent parfaitement 
avec l’île plate de Seeland.
De plus, le long de la côte et des îles 
de la mer de Norvège – qui est traversée par une branche du Gulf Stream,
 identifiable avec le mythique «Fleuve Océan» – on peut trouver de 
nombreuses similarités suggestives avec les célèbres aventures d’Ulysse,
 qui ont leurs racines dans les histoires de marins et dans le folklore 
local et qui furent transformées par l’imagination du poète avant d’être
 transposées dans un contexte totalement différent, où elles devinrent 
méconnaissables. Ces aventures peuvent être considérées comme des 
souvenirs des routes maritimes de l’Age de Bronze: les références 
géographiques d’Homère nous permettent de les reconstruire dans les 
moindres détails. Plus encore, un certain nombre de phénomènes qui 
paraissent incompréhensibles, comme le chant des Sirènes, le tourbillon 
de Charybde et les danses de l’aurore sur l’île de Circé, trouvent 
immédiatement une explication dès qu’ils sont ramenés dans leur 
environnement atlantique d’origine. Adieu la Grèce, adieu la 
Méditerranée!
Quant à Ulysse, Homère mentionne ses «cheveux clairs», et Tacite affirme qu’il navigua dans les mers nordiques (Germanie,
 3, 2). De plus, de remarquables similarités existent entre lui et Ull, 
un archer et guerrier de la mythologie nordique. D’autre part, Pindare 
mentionne les «Danaens aux cheveux clairs» dans sa Neuvième Néméenne.
Cela
 ne devrait pas être trop surprenant: en fait, nous ne devrions pas 
oublier ce que le Pr. Stuart Pigott, un savant très distingué, déclare 
au sujet du monde d’Homère: «La noblesse des hexamètres [homériques] ne 
devrait pas nous tromper, nous conduisant à croire que l’Iliade et l’Odyssée sont quelque chose de différent des poèmes de l’Europe largement barbare de l’Age de Bronze et du début de l’Age de Fer» (Ancient Europe,
 Chap. IV). Un peu plus loin, il cite une déclaration extrêmement 
significative de Rhys Carpenter: «Aucun sang minoen ou asiatique ne 
coule dans les veines des Muses grecques: elles sont très éloignées du 
monde crétois-mycénien. Elles sont plutôt en contact avec les éléments 
européens de la culture et de la langue grecques (…). Derrière la Grèce 
mycénienne … s’étend l’Europe».
Regardons maintenant la région de Troie. Dans l’Iliade elle
 est située le long de la mer de l’Hellespont, qui est systématiquement 
décrit comme étant «vaste» ou même «sans limites». Nous pouvons donc 
exclure qu’il se réfère au détroit des Dardanelles, où se trouve la cité
 découverte par Schliemann. L’identification de cette cité avec la Troie
 d’Homère soulève toujours de sérieux doutes: il nous suffit de penser à
 la critique effectuée par Finley dans The World of Odysseus. 
Elle coïncide avec la localisation de la Troie gréco-romaine, mais 
Strabon affirme clairement que cette dernière ne coïncide pas avec la 
cité homérique. D’autre part, l’historien médiéval danois Saxo 
Grammaticus, dans sa Gesta Danorum, mentionne souvent une 
population connue comme les «Hellespontiens» et une région appelée 
Hellespont, qui, assez curieusement, semble être située dans l’est de la
 mer Baltique. Pourrait-il s’agir de l’Hellespont d’Homère? Nous pouvons
 l’identifier avec le golfe de Finlande, qui est la contrepartie 
géographique des Dardanelles (puisque tous deux se trouvent au nord-est 
de leurs bassins respectifs). Puisque Troie, d’après l’Iliade, 
se trouve au nord-est de la mer (une raison de plus pour contester la 
localisation de Schliemann), alors il semble raisonnable, dans l’esprit 
de cette recherche, de regarder vers une région de la Finlande du Sud, 
où le golfe de Finlande rejoint la mer Baltique. Dans cette région, à 
l’ouest d’Helsinki, nous trouvons un certain nombre de noms de lieux qui
 ressemblent étonnamment à ceux mentionnés dans l’Iliade et, en
 particulier, à ceux donnés aux alliés des Troyens: Askainen (Ascanius),
 Reso (Rhesus), Karjaa (Caria), Nästi (Nastes, le chef des Cariens), 
Lyökki (Lycie), Tenala (Ténédos), Kiila (Scylla), Kiikoinen (Ciconiens),
 etc. Il y a aussi une Padva, qui nous rappelle la Padoue [Padua] 
italienne, qui fut fondée, d’après la tradition, par le Troyen Antênor 
et qui se trouve en Vénétie (les «Eneti» ou «Veneti» étaient des alliés 
des Troyens). Encore plus, les noms de lieux Tanttala et Sipilä (le 
mythique roi Tantale, célèbre pour ses supplices, fut enterré sur le 
mont Sipylus) indiquent que cette question n’est pas limitée à la 
géographie homérique, mais semble s’étendre à tout le monde de la 
mythologie grecque.
Et pour Troie? Juste au milieu de cette 
région, à mi-chemin entre Helsinki et Turku, nous découvrons que la cité
 du roi Priam a survécu au pillage et à l’incendie des Achéens. Ses 
caractéristiques correspondent exactement à celles qu’Homère nous a 
transmises: la région accidentée qui domine la vallée avec ses deux 
rivières, la plaine qui descend vers la côte, et les régions 
montagneuses en arrière-plan. Elle a même conservé son propre nom 
presque inchangé après tout ce temps. Aujourd’hui, «Toija» est un 
paisible village finlandais, inconscient de son passé glorieux et 
tragique.
Plusieurs visites dans ces lieux, à 
partir du 11 juillet 1992, ont confirmé la correspondance extraordinaire
 entre les descriptions de l’Iliade et la région entourant 
Toija. De plus, nous tombons ici sur de nombreuses traces significatives
 de l’Age du Bronze. Incroyable, mais en direction de la mer nous 
trouvons un endroit appelé Aijala, qui rappelle la «plage» («aigialos») 
où, d’après Homère, les Achéens firent accoster leurs bateaux (II. XIV, 
34). En outre, le nom de la Halikonjoki, c’est-à-dire la «rivière 
Haliko», qui coule à 20 km de Toija, est identique à l’ancien nom grec, 
«Halikos», de l’actuelle rivière Platani, au sud-ouest de la Sicile, qui
 s’écoule dans la mer dans une région extrêmement riche en vestiges 
archéologiques et en souvenirs mythiques de l’ancienne Grèce.
La
 correspondance s’étend aux régions voisines. Par exemple, le long de la
 côte suédoise faisant face à la Finlande du Sud, à 70 km au nord de 
Stockholm, la longue et relativement étroite baie de Norrtälje rappelle 
l’Aulis homérique, d’où la flotte achéenne partit vers Troie. De nos 
jours, des ferries partent d’ici pour la Finlande, suivant la même route
 ancienne. Ils dépassent l’île de Lemland, dont le nom nous rappelle 
l’ancienne Lemnos, où les Achéens firent halte et abandonnèrent le héros
 Philoctète. Près de là se trouve Äland, la plus grande île de 
l’archipel du même nom, qui coïncide probablement avec Samothrace, le 
site mythique des mystères du travail des métaux. Le golfe de Botnie 
adjacent est facilement identifiable avec la mer Thracienne d’Homère, et
 avec l’ancienne Thrace, que le poète place au nord-ouest de Troie sur 
le bord opposé de la mer, probablement située le long de la côte nord de
 la Suède et de son arrière-pays (il est remarquable qu’une saga 
nordique identifie la Thrace avec la résidence du dieu Thor). Plus au 
sud, en-dehors du golfe de Finlande, l’île de Hiiumaa, située à l’opposé
 de la côte estonienne, correspond exactement à la Chios d’Homère, qui, 
d’après l’Odyssée, se trouve sur le chemin du retour de la flotte achéenne après la guerre.
Bref, à part les traits morphologiques 
de cette région, la position géographique de la Troas finlandaise 
s’adapte comme un gant aux indications mythologiques. En fait, cela 
explique pourquoi un «épais brouillard» tombe souvent sur les combats 
dans la plaine troyenne, et pourquoi la mer d’Ulysse n’est jamais aussi 
brillante que celle des îles grecques, mais toujours «grise» et 
«brumeuse». Quand nous voyageons dans le monde d’Homère, nous 
rencontrons le mauvais temps qui est typique du monde nordique. Partout 
dans les deux poèmes, le temps, avec du brouillard, du vent, de la 
pluie, des températures froides et de la neige (qui tombe sur les 
plaines et même jusqu’en mer), a peu en commun avec le climat 
méditerranéen; de plus, le soleil et les chaudes températures ne sont 
presque jamais mentionnées. En un mot, le plus souvent le temps est 
troublé, à tel point que les combattants revêtus de bronze implorent un 
ciel sans nuages pendant la bataille. Nous sommes bien loin des plaines 
torrides de l’Anatolie. La manière dont les personnages d’Homère sont 
vêtus est en parfait accord avec ce genre de climat. Ils portent des 
tuniques et d’«épais et lourds manteaux» qu’ils n’enlèvent jamais, pas 
même durant les banquets. Cette tenue correspond exactement aux restes 
de vêtements trouvés dans les tombes danoises de l’Age de Bronze, 
jusqu’à des détails comme la broche de métal qui attachait le manteau à 
l’épaule.
Cette localisation nordique explique aussi l’énorme anomalie de la grande bataille qui occupe les livres centraux de l’Iliade.
 La bataille continue pendant deux jours et une nuit. Le fait que 
l’obscurité ne mette pas fin au combat est incompréhensible dans le 
monde méditerranéen, mais il devient clair dans le cadre baltique. Ce 
qui permet aux renforts de Patrocle de poursuivre le combat jusqu’au 
lendemain, sans interruption, est une légère lumière nocturne, qui est 
typique des hautes latitudes durant le solstice d’été. Cette 
interprétation – corroborée par la submersion du Scamander pendant la 
bataille suivante (dans les régions nordiques cela survient en mai ou en
 juin du fait du dégel) – nous permet de reconstruire les étapes de 
toute la bataille d’une manière cohérente, dissipant les interrogations 
et les interprétations forcées d’aujourd’hui. De plus, nous arrivons 
même à tirer d’un passage de l’Iliade le mot grec utilisé pour nommer les nuits claires typiques des régions situées près du Cercle Arctique: la «nix amphilyke»
 est un véritable fossile linguistique qui, grâce à l’épopée homérique, a
 survécu à la migration des Achéens vers l’Europe du Sud.
Il
 est aussi important de noter que les murs de Troie, tels qu’ils sont 
décrits par Homère, apparaissent comme une sorte de palissade rustique 
faite de bois et de pierre, similaire aux archaïques palissades 
nordiques en bois (comme les murs du Kremlin jusqu’au 15ème siècle) bien
 plus qu’aux puissantes forteresses des civilisations égéennes.
Examinons maintenant le dénommé Catalogue des Navires du Livre II de l’Iliade,
 qui énumère les vingt-neuf flottes achéennes qui prennent part à la 
guerre de Troie, avec les noms de leurs capitaines et lieux d’origine. 
Cette liste se déroule dans le sens contraire aux aiguilles d’une 
montre, partant de la Suède centrale, continuant le long des côtes 
baltiques et finissant en Finlande. Si nous combinons cela avec les 
données contenues dans les deux poèmes et dans le reste de la mythologie
 grecque, nous pouvons complètement reconstruire le monde achéen autour 
de la mer Baltique, où, comme l’archéologie le confirme, l’Age du Bronze
 s’épanouissait au second millénaire av. JC, favorisé par un climat plus
 chaud que celui d’aujourd’hui.
Dans ce nouveau contexte géographique, 
tout l’univers appartenant à Homère et à la mythologie grecque se 
dévoile finalement avec une cohérence stupéfiante. Par exemple, en 
suivant la séquence du Catalogue, nous localisons immédiatement
 la Béotie (correspondant à la région autour de Stockholm). Ici il est 
facile d’identifier la Thèbes d’Œdipe et le mythique mont Nysa (qui ne 
fut jamais retrouvé dans le monde grec), où les Hyades élevèrent le bébé
 Dionysos. L’Eubée d’Homère coïncide avec l’actuelle île de Öland, 
située au large de la côte suédoise dans une position similaire à celle 
de sa contrepartie méditerranéenne. L’Athènes mythique, pays natal de 
Thésée, se trouve dans la région de l’actuelle Karlskrona au sud de la 
Suède (cela explique pourquoi Platon, dans son dialogue du Critias,
 en parle comme d’une plaine onduleuse remplie de rivières, qui est 
totalement étrangère à la rude morphologie de la Grèce). Les traits 
d’autres cités achéennes, comme Mycènes ou Calydon, telles qu’elles sont
 décrites par Homère, semblent être aussi complètement différentes de 
celles de leurs homonymes sur le sol grec. En particulier, Mycènes se 
trouve dans le site de l’actuelle Copenhague, où l’île d’Amager peut 
rappeler son ancien nom et peut expliquer pourquoi il était au pluriel. 
Ici, sur l’île plate de Seeland (c’est-à-dire le «Péloponnèse» 
homérique), nous pouvons facilement identifier les royaumes d’Agamemnon 
et de Ménélas, l’Arcadie, le fleuve Alphée, et en particulier la Pylos 
du roi Nestor, dont la localisation était considérée comme un mystère 
même par les anciens Grecs. En situant les poèmes d’Homère dans la 
Baltique, cette énigme immémoriale est aussi résolue immédiatement. De 
plus, il est également facile de résoudre le problème de l’étrange 
frontière entre Argos et Pylos, qui est mentionnée dans l’Iliade
 mais qui est «impossible» dans le monde grec. Après le Péloponnèse, le 
Catalogue mentionne Doulichion et continue avec l’archipel d’Ithaque, 
qui était déjà identifié grâce aux indications fournies par l’Odyssée.
 Nous pouvons ainsi vérifier la cohérence de l’information contenue dans
 les deux poèmes ainsi que leur concordance avec la géographie baltique.
Après Ithaque, la liste continue avec 
les Etoliens, qui rappellent les anciens Jutes. Ils donnèrent leur nom 
au Jutland, qui se trouve en fait près des îles des Fyn du Sud. Homère 
mentionne Pylène dans les cités étoliennes, qui correspond à l’actuelle 
Plön, en Allemagne du Nord, non loin du Jutland. A l’opposé de cette 
région, dans la mer du Nord, le nom d’Héligoland, l’une des îles 
Frisonnes du Nord, rappelle Helike, un sanctuaire du dieu Poséidon 
mentionné dans l’Iliade.
Que dire de la Crète, le «vaste pays» 
aux «cent cités» et aux nombreuses rivières, qui n’est jamais décrite 
comme une île par Homère? Elle correspond à la région de Poméranie de la
 région sud-baltique, qui s’étend de la côte allemande à la côte 
polonaise. Cela explique pourquoi dans les riches productions picturales
 de la civilisation minoenne, qui s’épanouit dans la Crète égéenne, nous
 ne trouvons aucune allusion à la mythologie grecque, et pourquoi les 
bateaux sont si rarement représentés. Il serait aussi tentant de 
supposer une relation entre le nom «Polska» et les Pélasges, les 
habitants de la Crète homérique. A cet endroit, il est aussi facile 
d’identifier Naxos (où Thésée laisse Ariane lors de son voyage de retour
 de la Crète à Athènes) avec l’île de Bornholm, située entre la Pologne 
et la Suède, où la ville de Neksö rappelle encore l’ancien nom de l’île.
 De même, nous découvrons que le «Fleuve Egypte» de l’Odyssée coïncide 
probablement avec la Vistule actuelle, révélant ainsi la véritable 
origine du nom que les Grecs donnèrent au pays des Pharaons, connu comme
 «Kem» dans la langue locale. Cela explique la position incongrue de la 
Thèbes égyptienne homérique, qui, selon l’Odyssée, est 
bizarrement située près de la mer. Manifestement la capitale égyptienne,
 qui se trouve au contraire à des centaines de kilomètres du delta du 
Nil et qui était connue à l’origine sous le nom de Wö’se, fut renommée 
par les Achéens d’après le nom d’une cité baltique, après leur arrivée 
en Méditerranée. La véritable Thèbes était probablement l’actuelle 
Tczew, dans le delta de la Vistule. Au nord de ce dernier, au centre de 
la mer baltique, l’île de Färö rappelle la Pharos homérique, qui se 
trouve d’après l’Odyssée au milieu de la mer à un jour de 
navigation de l’«Egypte» (alors que la Pharos méditerranéenne n’est qu’à
 un kilomètre du port d’Alexandrie). En outre, le nom d’une population 
barbare qui vivait près de l’embouchure de la Vistule jusqu’au 3ème 
siècle après JC, les «Gépides», rappelle le nom «Aigyptos»: cela 
corrobore l’idée que l’Egypte homérique se trouvait autour du delta de 
la Vistule.
Le Catalogue des Navires touche
 maintenant les Républiques baltes. L’Hellade se trouve sur la côte de 
l’actuelle Estonie, et donc proche de l’Hellespont homérique 
(c’est-à-dire la «mer de Helle»), le golfe de Finlande d’aujourd’hui. 
Dans cette région, les spécialistes ont trouvé des légendes qui 
présentent des parallèles remarquables avec la mythologie grecque. 
Phthie, la patrie d’Achille, se trouve dans les collines fertiles de 
l’Estonie du sud-est, le long de la frontière avec la Lettonie et la 
Russie, s’étendant jusqu’à la rivière russe Velikaja et au lac de Pskov.
 Les Myrmidons et les Phthiens vivaient ici, gouvernés par Achille et 
Protesilée (le premier capitaine achéen qui tomba dans la guerre de 
Troie) respectivement.
Ensuite, en suivant la séquence, nous 
atteignons la côte finlandaise, face au golfe de Botnie, où nous 
trouvons Jolkka, qui nous rappelle Iolcos, la cité mythique de Jason. 
Plus au nord, nous pouvons aussi identifier la région de l’Olympe, du 
Styx et de la Piérie en Laponie finlandaise (qui rappelle à son tour les
 Lapithes homériques, c’est-à-dire les ennemis jurés des Centaures qui 
vivaient aussi dans cette région). Cette localisation de la Piérie au 
nord du cercle arctique est confirmée par une anomalie astronomique 
apparente, liée au cycle de la lune, qui se trouve dans l’Hymne à Hermès d’Homère:
 elle ne peut être expliquée que par la haute latitude. La «demeure 
d’Hadès» était encore plus au nord, sur les côtes glacées de la Carélie 
russe: ici arriva Ulysse, ses voyages représentant le dernier vestige 
des routes préhistoriques durant une ère qui était caractérisée par un 
climat très différent de celui d’aujourd’hui.
Quant au climat, la période durant 
laquelle les poèmes d’Homère furent composés doit avoir été proche de la
 fin d’une période exceptionnellement chaude qui avait duré plusieurs 
milliers d’années. Il est largement accepté que l’«optimum climatique 
post-glaciaire», quand les températures en Europe du nord étaient 
beaucoup plus élevées qu’aujourd’hui, atteignit son apogée vers 2500 av.
 JC et commença à décliner vers 2000 av. JC. Par conséquent, il est 
hautement probable que les Achéens furent obligés de descendre vers la 
Méditerranée pour cette raison. La civilisation mycénienne, qui n’était 
pas originaire de Grèce, naquit ainsi et continua à s’épanouir à partir 
du 16ème siècle av. JC, comme l’affirment les spécialistes.
A cet endroit, on peut se demander où 
cette recherche se situe par rapport aux acquis de la science 
d’aujourd’hui. Nous avons déjà noté que la géographie homérique, après 
avoir donné beaucoup de mal aux anciens savants, cause aussi des 
difficultés à ceux d’aujourd’hui. En fait, quand le décodage de 
l’écriture mycénienne «Linéaire B» permit de comparer le monde mycénien 
au monde homérique, les résultats furent énigmatiques. A coté des 
contradictions susmentionnées entre Homère et la géographie mycénienne, 
les spécialistes notèrent, ainsi que l’affirme le Pr. Montanari, «les 
relations problématiques entre Homère et le monde mycénien ainsi qu’avec
 le Moyen Age hellénique» (Introduction to Homer, Chap. 6; incidemment, ce «Moyen Age»
 est la période entre l’effondrement de la civilisation mycénienne, au 
12ème siècle av. JC, et le commencement de l’histoire grecque, autour du
 8ème siècle).
De plus, il y a des preuves que la 
civilisation mycénienne était venue du nord. En particulier, le 
distingué savant suédois, le Pr. Martin P. Nilsson, rapporte dans ses 
travaux des traces archéologiques considérables découvertes dans les 
sites mycéniens en Grèce, confirmant leur origine nordique. Quelques 
exemples sont: l’existence d’une grande quantité d’ambre baltique dans 
les plus anciennes tombes mycéniennes en Grèce (qui ne venait pas du 
commerce, parce que l’ambre est très rare dans les tombes minoennes 
contemporaines en Crète ainsi que dans les tombes plus récentes sur le 
continent); les traits typiquement nordiques de leur architecture (le 
mégaron mycénien «est identique au hall des anciens rois scandinaves»); 
la «similarité frappante» de deux dalles de pierre trouvées dans une 
tombe de Dendra «avec les menhirs de l’Age de Bronze en Europe 
centrale»; les crânes de type nordique trouvés dans la nécropole de 
Kalkani, etc. (Homer and Mycenae, II, 3).
Par conséquent, des archéologues comme Geoffrey Bibby (Four Thousand Years Ago, Chap. 13) et des philosophes comme Bertrand Russell (History of Western Philosophy,
 Chap. 1) pensent qu’il est probable que la civilisation mycénienne 
venait d’envahisseurs nordiques aux cheveux clairs apportant la langue 
grecque avec eux.
D’autre part, le Pr. Klavs Randsborg 
souligne que l’art égéen et certains vestiges scandinaves datant de 
l’Age du Bronze – par exemple, les figures gravées sur la tombe de Kivik
 en Suède – présentent des affinités remarquables, à tel point qu’un 
savant du 19ème siècle suggéra que le monument avait été construit par 
les Phéniciens (Kivik archeology and iconography, Chap. 10).
Un autre signe de la présence achéenne 
dans le monde nordique dans un passé très éloigné est un graffiti 
mycénien découvert dans le complexe mégalithique de Stonehenge dans le 
sud de l’Angleterre. D’autres vestiges révélant l’influence mycénienne 
furent trouvés dans la même région («culture de Wessex»), qui datent 
d’une période antérieure à la civilisation mycénienne en Grèce.
Tout cela cadre avec le fait que la 
datation au radiocarbone, corrigée avec la dendrochronologie, 
c’est-à-dire le calibrage des troncs d’arbres, a récemment contredit 
l’idée d’une origine orientale de la civilisation européenne. Le Pr. 
Colin Renfrew décrit les conséquences pour la chronologie 
traditionnelle: «Ces changements apportent avec eux toute une série 
d’inversions alarmantes dans les relations chronologiques. Les tombes 
mégalithiques de l’Europe occidentale deviennent maintenant plus 
anciennes que les pyramides ou les tombes rondes de Crète, leurs 
prédécesseurs supposés. Les premières cultures balkaniques utilisant le 
métal précèdent Troie et les premiers Egéens de l’Age de Bronze, dont 
ils étaient supposés dériver. Et en Grande-Bretagne, la structure finale
 de Stonehenge, autrefois considérée comme inspirée par la connaissance 
architecturale mycénienne, était terminée bien avant le début de la 
civilisation mycénienne» (Before Civilization, The Radiocarbon Revolution and Prehistoric Europe, Chap. 4).
En tous cas, les études réalisées sur la
 civilisation mycénienne et son origine, loin de clarifier sa relation 
avec les poèmes homériques, mettent en lumière une image complexe, où 
«les relations problématiques entre Homère et le monde mycénien», «la 
complète absence de contact entre la géographie mycénienne et les récits
 d’Homère», les liens de ces derniers avec «l’Europe largement barbare 
de l’Age de Bronze», les traces de l’origine nordique des Mycéniens, la 
similarité entre les vestiges égéens et nordiques coexistent sans aucune
 analyse bien-fondée ni interprétation solide.
Au vu de cette énigmatique mosaïque, ce 
qui pourrait la rendre compréhensible serait de vérifier que la 
géographie homérique cadre avec le monde nordique d’où les Mycéniens 
partirent probablement vers la Grèce. Cette hypothèse peut être déduite 
de l’image susmentionnée, est parfaitement cohérente avec elle, et peut 
donner un sens à toutes les données rassemblées par les spécialistes. En
 un mot, elle s’adapte naturellement au cadre de la connaissance 
actuelle. De plus, elle peut expliquer beaucoup d’autres choses, telles 
que les traces mycéniennes trouvées dans le sud de l’Angleterre. A ce 
sujet, l’Odyssée mentionne un marché du bronze situé outre-mer,
 dans un pays étranger, nommé «Témésé», jamais retrouvé dans la région 
méditerranéenne. Comme le bronze est un alliage de cuivre et d’étain, 
qui dans le Nord ne se trouve qu’en Cornouailles, il est très probable 
que la mystérieuse Témésé correspond à la Tamise, nommée «Tamesis» ou 
«Tamensim» dans les temps anciens. Ainsi, en suivant Homère, nous 
apprenons que pendant l’Age de Bronze, les anciens Scandinaves avaient 
l’habitude de se rendre à Témésé-Tamise, «situé outre-mer dans un pays 
étranger», pour se fournir en bronze.
Cette hypothèse explique aussi pourquoi 
le monde d’Homère était nettement plus archaïque que la civilisation 
mycénienne, telle qu’elle apparaît d’après les tablettes en Linéaire B, 
qui datent de quelques siècles après son établissement en Grèce. 
Manifestement, le contact des Mycéniens avec les cultures raffinées 
méditerranéennes et orientales favorisa leur évolution rapide, 
considérant aussi leur penchant marqué pour le commerce et la 
navigation, qui imprègne non seulement les poèmes homériques, mais aussi
 toute la mythologie grecque. De fait, les archéologues ont trouvé leurs
 comptoirs commerciaux dispersés sur les côtes méditerranéennes. Cela 
est difficile à expliquer avec les hypothèses actuelles sur l’origine 
continentale des Indo-Européens,
 alors que les vestiges trouvés en Angleterre cadrent très bien avec 
l’idée d’une patrie côtière antérieure (en ajoutant cela aux traits 
typiquement nordiques de leur architecture, ainsi que l’affirment de 
nombreux spécialistes, nous supprimons tous les doutes quant à leur lieu
 d’origine). Cela explique aussi pourquoi toute information fiable 
concernant l’auteur ou les auteurs des poèmes a été perdue avant les 
temps antiques.
Une vérification préliminaire de cette 
hypothèse montre immédiatement deux types de preuves: les traits 
distinctement nordiques de toute la météorologie homérique, et la 
poursuite nocturne d’une bataille dans l’Iliade. En ajoutant 
l’indication de Plutarque sur la position nordique d’Ogygie – qui nous 
donne la clé du monde d’Homère – et l’image globale qui en résulte, dont
 la cohérence avec le Catalogue des Navires et avec toute la 
mythologie grecque est stupéfiante, il est très improbable que cet 
immense nombre de parallèles géographiques, climatiques, toponymiques et
 morphologiques puisse être attribué au simple hasard, en gardant aussi à
 l’esprit les contradictions flagrantes surgissant de la localisation 
méditerranéenne.
Par conséquent, la guerre de Troie et 
les autres événements transmis par la mythologie grecque n’eurent pas 
lieu dans la région méditerranéenne, mais dans la région baltique, 
c’est-à-dire la patrie d’origine des blonds Achéens aux «longs cheveux».
 Ces événements datent probablement du début du second millénaire av. 
JC, c’est-à-dire près de la fin d’une période exceptionnellement chaude 
qui avait duré plusieurs milliers d’années. Nous faisons référence à 
l’«optimum climatique post-glaciaire» durant lequel, d’après les 
spécialistes, les températures en Europe du Nord étaient beaucoup plus 
élevées qu’aujourd’hui, qui atteignit son apogée vers 2500 av. JC et 
commença à décliner vers 2000 av. JC. Par conséquent, il est hautement 
probable que les Achéens furent obligés de descendre vers la 
Méditerranée pour cette raison. Ils suivirent probablement le fleuve 
Dniepr jusqu’à la mer Noire, comme les Vikings (dont la culture est, à 
de nombreux égards, très similaire) le firent de nombreuses années plus 
tard.
Les migrants emportèrent leurs épopées 
et leur géographie avec eux et attribuèrent les noms qu’ils avaient 
laissés dans leur patrie perdue aux différents lieux où ils 
s’installèrent finalement. Cet héritage fut immortalisé par les poèmes 
d’Homère et la mythologie grecque. Cette dernière présente d’une part de
 nombreux parallèles avec la mythologie nordique, mais d’autre part 
perdit probablement le souvenir de la grande migration à partir du Nord 
après l’effondrement de la civilisation mycénienne, vers le 12ème siècle
 av. JC; néanmoins, la littérature grecque fait souvent allusion à des contacts amicaux avec les Hyperboréens, le mythique peuple du Nord.
De plus, ils renommèrent avec des noms 
baltiques non seulement les nouveaux pays où ils s’établirent, mais 
aussi d’autres régions méditerranéennes, comme la Libye, la Crète et 
l’Egypte, créant ainsi un énorme malentendu géographique qui a duré 
jusqu’à aujourd’hui.
Ces transpositions furent encouragées, 
sinon suggérées, par une certaine similarité (que les Mycéniens 
remarquèrent grâce à leur penchant pour la navigation) entre la 
géographie baltique et celle de la géographie égéenne. Il nous suffit de
 penser à l’analogie Öland-Eubée ou Seeland-Péloponnèse (auquel ils 
furent obligés d’appliquer le concept d’île pour maintenir l’image 
originelle). La présence croissante de populations de langue grecque 
dans le bassin méditerranéen, avec leur suprématie culturelle et 
commerciale, consolida plus tard ce phénomène, depuis le temps de la 
civilisation mycénienne jusqu’à la période hellénistique-romaine.
Maintenant que nous avons dépeint une 
image globale de la thèse – pour permettre au lecteur de suivre plus 
facilement ses développements innovateurs –, dans les chapitres suivants
 nous examinerons chaque point en détail. Cela sera une vérification de 
sa validité, en-dehors d’investigations futures de la part des 
spécialistes dans les différents domaines affectés par cette question.
Quant aux noms de lieux, ils n’ont pas 
des origines récentes, mais il est très difficile d’établir précisément 
leur âge exact. Malheureusement tous les documents écrits finlandais et 
scandinaves, y compris les plus anciens, sont relativement trop proches 
de notre époque, puisqu’ils ne sont pas antérieurs à l’an 1000 après JC.
 Avant cette date, à la différence du monde méditerranéen, il n’existe 
pas de preuve écrite disponible pour reconstruire l’évolutions des noms 
de lieux. Ils sont significatifs lorsqu’on les trouve en groupes, ce qui
 rend une ressemblance accidentelle très improbable, ou lorsqu’ils 
peuvent être liés à des entités géographiques, morphologiques et 
mythologiques. Cependant, nous soulignons que cette théorie utilise les 
noms de lieux principalement comme des traces ou des indices, mais 
qu’elle est essentiellement basée sur les étonnants parallèles 
géographiques, morphologiques, descriptifs et climatiques existant entre
 le monde homérique et le monde baltique, vers lequel Plutarque nous a 
orientés.
Il est important de remarquer ici que ce
 travail est essentiellement géographique et non historiographique. Loin
 de supposer qu’il soit de peu d’utilité pour les historiens, nous 
suggérons qu’il pourrait aider à résoudre des problèmes qui sont parfois
 vieux de milliers d’années, en considérant aussi qu’il répond non 
seulement aux questions des anciens écrivains sur la géographie 
homérique, mais qu’il cadre aussi avec l’image complexe des études 
actuelles sur Homère, le monde mycénien et leur relation, où il peut 
contribuer à expliquer quelques points qui sont encore obscurs.
* * *
Ce texte constitue l’introduction du livre de Felice Vinci, Omero nel Baltico [Homère dans la Baltique]. 
Felice Vinci,
 né en 1946 à Rome, ingénieur nucléaire, fonctionnaire de la «Société 
nationale de l’électricité», a dès sa jeunesse, été passionné par Homère
 et la mythologie grecque. Après de longues recherches, qui l’ont 
conduit plusieurs fois en Scandinavie et en Finlande, il a fait paraître
 en 1993 son premier essai sur ce sujet, «Homericus Nuncius» («Annonce 
concernant Homère»), suivi en 1995 par la première édition de «Omero nel
 Baltico» (Editions Fratelli Palombi, Rome) et en 1998 par la deuxième 
édition du même livre, édition présentée par Mme Rosa Calzecchi Onesti 
(célèbre spécialiste et traductrice des deux poèmes), avec une 
introduction de Mr. Franco Cuomo, autre spécialiste. Mr. Vinci pense que
 sa théorie pourrait être à la base d’une nouvelle perspective 
culturelle quant à l’unité de l’Europe.
Felice Vinci, Homère dans la Baltique – les origines nordiques de l’Odyssée et de l’Iliade – Éditions Astrée 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerJ'ai découvert ce livre par hasard récemment, et je vous remercie d'en partager ici l'introduction. Par contre, et c'est un euphémisme, je ne trouve pas les arguments de l'auteur très convaincants.
RépondreSupprimerPour commencer, il n'y a rien d'étonnant à ce que le monde d'Homère ne cadre pas avec le monde mycénien: "Homère" compose ses poèmes des siècles après l'effondrement de la civilisation en question, pendant le "moyen age grec". Il reconstruit donc une époque passée en prenant beaucoup d'éléments à sa propre époque.
Par ailleurs, que la Grèce réelle ne corresponde pas mot pour mot à celle d'un poème ne surprendra que ceux qui n'ont jamais lu de poésie. La Grèce des poèmes de Leconte de Lisle est infiniment plus luxuriante que la Grèce du 19ème siècle, pour ne prendre qu'un exemple.
Je passe sur l'argument des batailles de nuits, qui montre que l'auteur aurait du davantage lire les historiens anciens, qui mentionnent un certains nombre de batailles nocturnes.
En revanche, dire que Troie ne peut pas se situer en Asie Mineure parce que la mer est dire "sans limites" dans Homère, et que ça ne correspond pas au détroit des Dardanelles… Je suis sans voix. C'est tout ignorer de l'usage des épithètes homériques. C'est évidemment la mer EN GENERAL qui est sans limites… Des même que les Achéens sont dits chevelus, quand bien même l'un ou l'autre serait chauve… On touche là au grotesque, et je n'ose imaginer les dégâts qu'a pu engendrer dans les esprits un bonhomme pareil s'il a été professeur. Se baser sur une épithète (en admettant que sa signification exacte soit bien établie, ce qui n'est souvent pas le cas chez Homère) pour déballer toute une théorie comme ça, c'est vraiment consternant.
Passons sur le fait que l'ouvrage soit préfacé par Alain de Benoist, dont un ami, Jean Mabire, situe les premiers Indo-Européens, et même l'Atlantide en Scandinavie (si cela vous intéresse j'ai écrit un petit compte rendu là-dessus: http://carnetsdunpaien.hautetfort.com/archive/2019/11/01/thule-le-soleil-retrouve-des-hyperboreens-de-jean-mabire-6187182.html). Je ne suis pas un adepte de l'adage "lux ex oriente", mais de là à vouloir systématiquement replacer tous les évènements de l'antiquité archaïque, voire mythologique en Scandinavie…
Bref, un livre que je n'achèterai probablement pas.