samedi 10 novembre 2018

Carnet de guerre de Léon Mellard (1914-1916)

Ce billet n'a qu'un seul objet. Vous inciter à lire ce texte inédit jusqu'à ce jour :
LE CARNET DE GUERRE DE LÉON MELLARD (1914-1916) et l'introduction écrite par sa petite-nièce.






En 1914, il ne fallut pas attendre longtemps avant la publication des premiers livres ou brochures sur ce qui n'était pas encore la Grande Guerre. Le grand public était friand de ces récits souvent colorés qui glorifiaient invariablement l'héroïsme des troupes françaises. Pour les familles de ceux qu'on n'appelait pas encore des poilus, c'était une forme substitut. Les nouvelles des soldats étaient rares, les permissions inexistantes et la correspondance était censurée.

Plus la guerre avançait, plus les publications s'accumulaient. Des centaines, puis des milliers de romans, de brochures, de récits, de nouvelles, de mémoires...
La guerre finie, le filon continua à être exploité par des éditeurs à la recherche de ventes faciles et par des auteurs plus ou moins bien intentionnés. Sous couvert de témoignages authentiques, il se publia surtout des mythologies ou des ouvrages de propagande. Propagande de grande diffusion dans les milieux proches des Anciens Combattants, propagande à diffusion plus confidentielle dans les milieux pacifistes ou dans celui des premiers adeptes du bolchévisme (il fallait bien trouver un prétexte pour justifier le traité de Brest-Litovsk !).

De nombreux ouvrages se présentèrent comme des Journaux de guerre. Malheureusement, la plupart n'étaient que des forgeries pieuses ou des réécritures postérieures. Pourtant, pendant la guerre, les poilus avaient écrit. Pour certains, c'était un moyen de tromper l'ennui pendant les périodes d'inactivité à l'arrière du front. Pour beaucoup, c'était une façon un peu de magique de communiquer avec leur famille et de confesser au papier leurs terreurs ou leur bonheur de survivre.

En 1929, Jean Norton Cru publia Témoins : Essai d'analyse et de critique des souvenirs de combattants édités en français de 1915 à 1928. Il y analyse 304 titres, dont très peu (et paradoxalement, souvent les moins connus) résistent à sa critique. Remettre en cause la véracité du Feu de Barbusse, le chantre de la littérature prolétarienne, ou des romans de Dorgelès ne manquait pas de panache, mais cela ne pouvait pas aider à la diffusion de son oeuvre. Témoins tomba donc rapidement dans l'oubli.

Ce n'est que très récemment que l'on commença à publier des carnets écrits par des soldats du rang. Il en subsiste quelques centaines. Bien peu en regard des dizaines de milliers d'autres ouvrages sur la Première Guerre Mondiale. C'est dans les milieux pacifistes que les premiers carnets furent diffusés. Tout naturellement, le choix fut fait de publier des carnets écrits par des militants.

Mais, peu à peu, d'autres carnets de guerre ont été porté à la connaissances des chercheurs et d'un public plus large. Cette fois, ce sont les familles qui sont à l'origine de leur diffusion. Internet aidant, ces reliques que l'on se transmettait de génération en génération sont maintenant accessibles à tous. Ces carnets sont tous uniques et c'est pourquoi ils sont si précieux. Le chtimiste en a publié 231.

Le carnet inédit de Léon Mellard n'appartient pas à la catégorie des carnets militants. C'est le journal d'un jeune soldat séparé de sa fiancée. Originaire de Liévin, il ne peut plus communiquer avec sa bien-aimée (Liévin était occupée par les Allemands). C'est à son carnet qu'il confie ses sentiments, ses doutes, des peurs.

Je vous engage à lire le carnet inédit de Léon Mellard. Vous n'y lirez pas beaucoup d'anecdotes édifiantes ou héroïques, mais l'expression de ce qu'Orwell appelait la Common Decency, cette décence ordinaire des humbles, celle qui fait la gloire de tous les poilus, qu'ils soient tombés au front ou qu'ils en soient revenus plus ou moins vivants.

Le devoir de mémoire, c'est aussi celui de ne pas truquer...

Robert Lavigue - Novembre 2018

La dernière lettre de Léon Mellard (3 mars 1916)

(...) Je suis en 1ère ligne, assis sur un sac, dos à la tranchée, sous une toile de tente car il n'y a pas d'abri et il pleut. Quelle misère...
Le canon gronde bien fort et il y a fusillade au bois où était Pierre (son frère mort en juillet 1915). Je le vois d'ici (...)


A cette date (le 10 novembre 2018), tout n'est pas encore en ligne, mais c'est en bonne voie. Ce sera l'occasion pour vous d'y retourner dans quelques temps.

PS: De même que la famille de Léon Mellard m'a honoré de sa confiance en me confiant la mise en ligne de ce carnet et d'une partie des archives familiales, je vous remercie de faire connaître ce témoignage auprès de votre réseau.






3 commentaires:

  1. encore une perle parmi vos découvertes ..... tttt quel vertueux , vous citez vos sources sur d'autres sites vous seriez l’exception

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    1. Il est des sites où la vertu se porte bien courbée dans le dévouement larvaire....
      Il est vrai que de la part des Limaces on ne craint pas l'ironie "mordante"

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  2. La mort de mes deux grand pères , disparus tous deux dans des conditions peu enviables, avant la 2è WW , fait que les vivants d'aujourd'hui portent toujours des stigmates parfois sans le savoir.
    Ces deux garçons , morts tous deux avant 40 ans, n'ont pas été de taille à affronter ce que la"Paix" leur réservait.La guerre les avait salement entamés. On s'était appliqué à les ensevelir de leur vivant bien longtemps avant que je tente de réveiller leur souvenir.

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