Mosaïque - Musée Gallo-Romain de Saint-Romain-en-Gal, Vienne, France |
Avis à d'éventuels lecteurs : Ce billet contient des illustrations et des textes qui pourraient choquer la sensibilité des féministes à pois chiche, des puritains de tous poils et des incultes mitoyens. Pour leur éviter des traumatismes profonds, le mieux serait encore qu'ils passent leur chemin.
Depuis quelques semaines, les affaires de harcèlement sexuel font la une de la presse. Le milieu du cinéma, la politique, les entreprises, les religions sont touchés. Aucune institution n'échappe aux révélations.
Pourtant, personne ne médiatise cette affaire de harcèlement sexuel plus que bimillénaire.
J'ai donc envoyé sur le terrain les meilleurs reporters de mon équipe, accompagnés des plus grands photographes pour dévoiler ce scandale.
En préambule, et pour tous les publics, un résumé succinct : Hylas était un fils de bonne famille, plutôt beau garçon puisqu'il faisait office d'éromène auprès Héraclès (les latinistes disent que c'était le giton d'Hercule, mais les latinistes sont vulgaires). Lors d'une croisière en Bithynie, Hylas fut enlevé par des nymphomanes locales, puis contraint de participer à une partouze aquatique.
Mosaïque - Palazzo Massimo alle Terme. Rome |
HYLAS ET LES NYMPHES
Francesco Furini - Palazzo Pitti, Florence |
Là, Héraclès
et Polyphème laissèrent le groupe. Il arriva qu'Hylas, le fils
de Théodamas, le garçon aimé par Héraclès,
en allant chercher de l'eau à une fontaine, fut enlevé par les
Nymphes, à cause de sa grande beauté. Polyphème entendit
le garçon qui appelait à l'aide, il brandit son épée
et courut le chercher, pensant qu'il avait été pris par des
brigands ; il rencontra Héraclès, il lui rapporta ce qu'il
avait entendu, et, ensemble, ils se mirent à la recherche d'Hylas.
Mais entre-temps le navire était reparti. Ainsi Polyphème demeura
en Mysie, il fonda la cité de Cios et il en devint le roi ; Héraclès,
pour sa part, retourna à Argos. Hérodoros soutient qu'Héraclès
ne s'embarqua jamais sur le navire Argo, parce qu'en ce temps-là il
était esclave, auprès de la reine Omphale. Selon Phérécyde,
au contraire, Héraclès fut abandonné par ses compagnons
à Aphétae, en Thessalie, parce que le navire Argo avait parlé,
déclarant qu'il ne pouvait pas supporter le poids important du héros.
Démarate soutient carrément que c'est lui qui prit le commandement
des Argonautes.
Solomon Gessner - Gravure, 1771 |
Théocrite - XIIIème Idylle (via l'indispensable remacle)
HYLAS
Hercule, accompagnant Jason
à la conquête de la Toison d'or, s'était embarqué avec son cher Hylas sur le
navire Argo. Dans la Propontide, Hylas va chercher de l'eau et est entraîné
par des Nymphes au fond d'une source. Hercule, furieux de l'absence de son jeune
ami, le cherche partout, et après mille courses inutiles, il va par terre
rejoindre à Colchos Jason, qui déjà l'accusait de lâcheté.
Quel que soit l'Immortel qui donna la vie à l'Amour, ce n'est point pour nous
seuls, ô Nicias ! que cet enfant fut créé, comme nous le croyons peut-être ;
ce n'est point nous non plus qui les premiers avons senti l'attrait de la beauté,
nous simples mortels, ignorants du lendemain.
Le fils d'Amphitryon, cet Hercule au cœur indompté, qui terrassa le lion terrible de Némée, Hercule aimait le jeune Hylas à la longue et blonde chevelure. Il l'instruisait avec la même sollicitude qu'un tendre père instruit son fils bien-aimé, et par ses leçons il lui ouvrait cette noble carrière, où lui-même s'était rendu si illustre. Afin que cet enfant, façonné à son gré et toujours à sa suite, devînt un homme accompli, jamais il ne le quittait, ni au moment où l'Aurore, montée sur son char attelé de quatre chevaux blancs, s'élançait vers le palais de Jupiter, ni lorsque le blond Phébus, arrivé a son midi, lançait sur les mortels des rayons brûlants, ni lorsque les jeunes poussins, appelés par les battements d'ailes de leur mère, regardent en gazouillant la solive antique qui leur sert de couche.
Le fils d'Éson allait voler à la conquête de la Toison d'or, suivi de l'élite des princes de la Grèce qui pouvaient le seconder dans son audacieuse entreprise, quand arriva dans la riche Iolcos le fils d'Alcmène et de l'héroïne Médée. Hylas l'accompagnait, et tous deux prirent place sur l'élégant Argo. Ce navire, comme un aigle rapide, glissant sur les mers, évite les îles Cyanées alors errantes et depuis immobiles, et touche à la redoutable rive du Phase. Mais au lever des filles d'Atlas, quand vers la fin du printemps, les moissons encore tendres fournissent aux jeunes agneaux une nourriture salutaire, l'élite des héros aimés des dieux se ressouvient du but de sa navigation et remonte sur l'Argo qui, secondé pendant trois jours par le Notus et le Zéphyr, franchit le détroit qu'Hellé rendit fameux, et aborde dans la Propontide, vers ces lieux où le bœuf des Cianes ouvre de larges et pénibles sillons dans des plaines fécondes.
Là, descendus le soir sur le rivage, les uns apprêtent le festin, d'autres, plus nombreux, pour faire un lit commun, moissonnent l'herbe abondante de la prairie voisine, le butome aux feuilles allongées et l'épais cypère.
Hylas, chargé d'une urne d'airain, va chercher l'eau qui doit rafraîchir Hercule et le fier Télamon tous deux compagnons d'armes, tous deux assis toujours à la même table. Bientôt il découvre une source au pied de la colline où croissent en abondance des plantes odoriférantes, la chélidoine azurée, la verte ariante, le sélinum fleuri, et l'agrostis tortueux.
Au sein des ondes se jouaient des Nymphes folâtres, divinités redoutées des laboureurs, Eunico, Molis et Nichéa au regard doux comme le printemps.
Déjà l'élève d'Hercule avait approché l'urne au vaste contour, déjà penché sur les bords de la source, il la plongeait dans l'eau frémissante, quand brûlant pour lui d'un amour violent, les trois Nymphes le saisissent par la main et l'entraînent au fond des ondes dont sa chute ternit un instant la limpidité : telle une étoile se détachant du ciel tombe dans la mer, et alors le pilote s'écrie : "Aux voiles, matelots ! partons, les vents sont favorables."
Cependant les Nymphes consolaient par de douces paroles le jeune enfant qu'elles tenaient sur leur genoux et qui fondait en larmes. Mais Hercule, troublé de l'absence de son ami, prend son arc recourbé comme celui d'un Scythe, la massue dont son bras est toujours armé, et court à sa recherche. Trois fois d'une voix forte il appela Hylas, trois fois Hylas répondit, mais sa voix arriva faible à travers les ondes, et quoique près, elle paraissait lointaine. Comme un lion à flottante crinière, qui, altéré de sang, a entendu un faon crier au loin sur la montagne, s'élance de sa tanière, croyant déjà saisir une proie assurée, tel Hercule, cherchant le jeune Hylas, errait dans des déserts hérissés de ronces, et parcourait d'un pas rapide un immense pays.
Qu'on souffre quand on aime ! Que de montagnes il franchit ! Que de forêts il traversa, oubliant et Jason et ses nobles projets !
Le navire se prépare à lever l'ancre ; au milieu de la nuit, les voiles sont prêtes à être livrées aux vents, on n'attendait plus qu'Alcide qui, furieux, errait partout sans repos et sans fruit ; un dieu barbare irritait les douleurs de son cœur ulcéré.
Ainsi le bel Hylas fut mis au rang des Immortels.
Cependant les héros grecs osent verser sur le fils d'Amphitryon des reproches déshonorants, ils l'accusent d'avoir déserté le navire Argo et ses trente rangs de rameurs. Mais lui vint les rejoindre par terre à Colchos, et jusqu'au Phase inhospitalier.
Le fils d'Amphitryon, cet Hercule au cœur indompté, qui terrassa le lion terrible de Némée, Hercule aimait le jeune Hylas à la longue et blonde chevelure. Il l'instruisait avec la même sollicitude qu'un tendre père instruit son fils bien-aimé, et par ses leçons il lui ouvrait cette noble carrière, où lui-même s'était rendu si illustre. Afin que cet enfant, façonné à son gré et toujours à sa suite, devînt un homme accompli, jamais il ne le quittait, ni au moment où l'Aurore, montée sur son char attelé de quatre chevaux blancs, s'élançait vers le palais de Jupiter, ni lorsque le blond Phébus, arrivé a son midi, lançait sur les mortels des rayons brûlants, ni lorsque les jeunes poussins, appelés par les battements d'ailes de leur mère, regardent en gazouillant la solive antique qui leur sert de couche.
Le fils d'Éson allait voler à la conquête de la Toison d'or, suivi de l'élite des princes de la Grèce qui pouvaient le seconder dans son audacieuse entreprise, quand arriva dans la riche Iolcos le fils d'Alcmène et de l'héroïne Médée. Hylas l'accompagnait, et tous deux prirent place sur l'élégant Argo. Ce navire, comme un aigle rapide, glissant sur les mers, évite les îles Cyanées alors errantes et depuis immobiles, et touche à la redoutable rive du Phase. Mais au lever des filles d'Atlas, quand vers la fin du printemps, les moissons encore tendres fournissent aux jeunes agneaux une nourriture salutaire, l'élite des héros aimés des dieux se ressouvient du but de sa navigation et remonte sur l'Argo qui, secondé pendant trois jours par le Notus et le Zéphyr, franchit le détroit qu'Hellé rendit fameux, et aborde dans la Propontide, vers ces lieux où le bœuf des Cianes ouvre de larges et pénibles sillons dans des plaines fécondes.
Là, descendus le soir sur le rivage, les uns apprêtent le festin, d'autres, plus nombreux, pour faire un lit commun, moissonnent l'herbe abondante de la prairie voisine, le butome aux feuilles allongées et l'épais cypère.
Hylas, chargé d'une urne d'airain, va chercher l'eau qui doit rafraîchir Hercule et le fier Télamon tous deux compagnons d'armes, tous deux assis toujours à la même table. Bientôt il découvre une source au pied de la colline où croissent en abondance des plantes odoriférantes, la chélidoine azurée, la verte ariante, le sélinum fleuri, et l'agrostis tortueux.
Au sein des ondes se jouaient des Nymphes folâtres, divinités redoutées des laboureurs, Eunico, Molis et Nichéa au regard doux comme le printemps.
Déjà l'élève d'Hercule avait approché l'urne au vaste contour, déjà penché sur les bords de la source, il la plongeait dans l'eau frémissante, quand brûlant pour lui d'un amour violent, les trois Nymphes le saisissent par la main et l'entraînent au fond des ondes dont sa chute ternit un instant la limpidité : telle une étoile se détachant du ciel tombe dans la mer, et alors le pilote s'écrie : "Aux voiles, matelots ! partons, les vents sont favorables."
Cependant les Nymphes consolaient par de douces paroles le jeune enfant qu'elles tenaient sur leur genoux et qui fondait en larmes. Mais Hercule, troublé de l'absence de son ami, prend son arc recourbé comme celui d'un Scythe, la massue dont son bras est toujours armé, et court à sa recherche. Trois fois d'une voix forte il appela Hylas, trois fois Hylas répondit, mais sa voix arriva faible à travers les ondes, et quoique près, elle paraissait lointaine. Comme un lion à flottante crinière, qui, altéré de sang, a entendu un faon crier au loin sur la montagne, s'élance de sa tanière, croyant déjà saisir une proie assurée, tel Hercule, cherchant le jeune Hylas, errait dans des déserts hérissés de ronces, et parcourait d'un pas rapide un immense pays.
Qu'on souffre quand on aime ! Que de montagnes il franchit ! Que de forêts il traversa, oubliant et Jason et ses nobles projets !
Le navire se prépare à lever l'ancre ; au milieu de la nuit, les voiles sont prêtes à être livrées aux vents, on n'attendait plus qu'Alcide qui, furieux, errait partout sans repos et sans fruit ; un dieu barbare irritait les douleurs de son cœur ulcéré.
Ainsi le bel Hylas fut mis au rang des Immortels.
Cependant les héros grecs osent verser sur le fils d'Amphitryon des reproches déshonorants, ils l'accusent d'avoir déserté le navire Argo et ses trente rangs de rameurs. Mais lui vint les rejoindre par terre à Colchos, et jusqu'au Phase inhospitalier.
École française du XIXème siècle |
Hylas est enlevé par une
nymphe
Pendant ce temps le jeune Hylas,
attentif à préparer le repas de son maître, s'était écarté de la troupe et
tenant une urne d'airain, cherchait une claire fontaine pour y puiser de l'eau.
Hercule l'avait accoutumé dès l'enfance à le servir, lorsque après avoir tué son
père Théodamas, il l'avait enlevé de la maison paternelle. Théodamas, habitant
de la Dryopie, était occupé à labourer son champ, et conduisait tristement sa
charrue. Hercule, qui ne cherchait qu'un prétexte de faire la guerre aux Dryopes
pour les punir de leurs brigandages, lui demanda fièrement un de ses bœufs et
sur son refus le massacra lui-même impitoyablement. Mais pourquoi m'arrêter à ce
récit ? Hylas, conduit par le hasard, arriva sur le bord d'une fontaine qu'on
appelle les Sources. C'était l'heure à laquelle les Nymphes qui habitaient la
riante contrée d'alentour, avaient coutume de se rassembler pour chanter, en
dansant pendant la nuit, les louanges de Diane.
Les Nymphes des montagnes, celles des bois, celles qui demeuraient dans les
antres profonds, avaient déjà quitté leur retraite et s'avançaient vers la
fontaine. Éphydatie qui l'habitait, levant alors la tête au-dessus de son onde
limpide, aperçut le jeune Hylas, et découvrit à la faveur de la lune, qui
laissait tomber sur lui ses rayons, l'éclat de sa beauté et les grâces de son
visage. Aussitôt l'amour s'empare de ses sens, elle est toute hors d'elle-même
et demeure interdite. Hylas, penché sur le bord, plongeait son urne au milieu
des ondes, qui se précipitaient avec bruit dans l'airain résonnant. La Nymphe,
brûlant d'appliquer un baiser sur sa bouche délicate, lui passe une main autour
du cou et le tire de l'autre par le bras. L'infortuné est entraîné au fond des
ondes et jette en tombant des cris perçants.
Polyphème, qui était éloigné des
autres et attendait le retour d'Hercule, fut le seul qui les entendit. Il courut
aussitôt du coté de la fontaine. Tel qu'un lion affamé, entendant le bêlement
des moutons, s'approche avec vitesse, et ne pouvant se jeter sur le troupeau que
les bergers ont renfermé, pousse pendant longtemps d'affreux rugissements,
tel le fils d'Élatus fait retentir au loin l'air de ses gémissements. En vain il
parcourt en criant tous les lieux d'alentour, rien ne répond à ses cris. Dans
cette extrémité, craignant qu'Hylas ne soit devenu la proie des bêtes féroces ou
n'ait été enlevé par des brigands, il tire son épée pour voler, s'il le peut, à
sa défense.
Tandis qu'il courait ainsi en faisant briller son épée dans l'obscurité, il
rencontra Hercule qui retournait à grands pas vers le vaisseau. Il le reconnut,
et tout hors d'haleine lui adressa ces mots : « Cher compagnon, je
vais vous annoncer un funeste accident. Hylas était allé puiser de l'eau à une
fontaine et ne reparaît point. Des voleurs ou des bêtes féroces se sont jetés
sur lui. J'ai entendu ses cris et ne sais rien de plus. »
Tandis qu'Hercule et
Polyphème sont occupés à le chercher, le vaisseau part
Tandis qu'Hercule écoutait ce
discours, une sueur abondante coulait de son front,
et son sang bouillonnait dans ses veines. Enflammé de colère, il jette aussitôt
le sapin qu'il portait et suit en courant le chemin qui se prèsente à lui. Comme
un taureau, piqué par un taon, s'échappe du pâturage, et, fuyant loin des
bergers et du troupeau, s'arrête quelquefois, lève sa tête altière, et, pressé
par la douleur, pousse d'effroyables mugissements, ainsi Hercule, emporté par sa
fureur, tantôt court avec rapidité, et tantôt suspendant sa course, répète avec
des cris perçants le nom de son cher Hylas.
Cependant l'étoile du matin brillait
sur la cime des montagnes,
les vents propices commençaient à souffler, et Tiphys pressait ses compagnons de
partir.
Dociles à ses conseils, ils montent aussitôt sur le vaisseau, lèvent l'ancre et
retirent les câbles. Le vent enfle la voile, et déjà ils doublent avec joie le
promontoire de Neptune. L'aurore vermeille éclairait le ciel de ses feux. On
voyait au milieu des vertes campagnes reluire les sentiers poudreux et briller
les champs couverts de rosée. Les Argonautes s'aperçurent alors de l'absence de
leurs compagnons. Une violente querelle s'élève aussitôt parmi eux. On n'entend
de tous côtés que plaintes et que clameurs. Tous se reprochaient mutuellement
d'avoir si promptement mis à la voile et laissé à terre le plus vaillant héros
de la troupe.
Une autre traduction, avec le texte grec en regard, pour les puristes.
John Gibson - Marbre, 1827-1836 |
La version de Properce - Élégie XX (Traduction en vers par M. de La Roche-Aymon, via remacle)
On rapporte en effet qu'autrefois sur les eaux
Les chefs choisis des Grecs traversèrent les flots.
Dépassant l'Hellespont, du havre de Pégase
Argo les transportait vers le fleuve du Phase.
A peine débarqués dans ces paisibles lieux,
Ils se forment des lits d'un feuillage mœlleux ;
Mais l'imprudent Hylas s'avance davantage,
Cherchant de rares eaux sur l'aride rivage.
Les deux fils de Borée, enflammés par l'Amour,
Voltigent près de lui, vont, viennent tour à tour,
S'élèvent un instant, tombent d'un vol rapide
Pour ravir un baiser au jeune ami d'Alcide.
Sous leurs ailes Hylas se cache et se suspend ;
D'une baguette armé, contre eux il se défend.
Vains succès ! il excite, en ses rives trompeuses,
Des nymphes des forêts les fureurs amoureuses.
Nymphes de Bithynie, au pied du mont Argant,
Vous aviez dans l'Ascagne un séjour séduisant.
Au-dessus s'étalaient sur l'arbre solitaire
Des fruits qui ne devaient aucun soin à la terre.
Tout autour, constamment rafraîchis par les eaux,
S'étalaient les lis blancs près des rouges pavots.
Hylas cède trop vite au plaisir qui le tente ;
Sa main cueille, en jouant, la fleur qui se présente.
Au liquide cristal, admirant son portrait,
Tout fier de son erreur, l'imprudent s'attardait.
Enfin il veut puiser à cette humide plaine,
Se penche, tend son urne et la retire pleine.
Mais les nymphes, devant d'aussi blanches couleurs,
Cessèrent d'exciter leurs danses et leurs chœurs,
Et leurs mains doucement l'attirèrent, sans lutte,
Quand un cri violent accompagna sa chute.
Hercule alors l'appelle et le réclame, hélas !
Les échos éloignés lui répondaient Hylas.
Prends donc bien garde : Hylas est trop beau pour prétendre
Que les nymphes jamais n'oseraient te le prendre.
Bertel Thorvaldsen - Marbre, avant 1844 |
A
l'entour apparut la colline d'Arganthe et ses sommets élevés. Hercule se
précipita
aussitôt vers les bois ténébreux, tenant dans ses mains son arc et ses
flèches
à trois pointes, pour se livrer au plaisir de la chasse, et pour
apporter à ses compagnons
un souper agréable, ou des sangliers ou une génisse ornée de cornes, ou
un chevreau sauvage. Comme il s'égarait, Hylas sortit du navire et le
suivit ; mais lui-même se perdit dans une route tortueuse , il erra dans
la forêt, et arriva à la grotte des nymphes champêtres. Elles, le
voyant dans la fleur de l'adolescence et semblable aux dieux, le
retinrent afin qu'il fût immortel
au milieu d'elles, et qu'il vécût éternellement sans connaître la
vieillesse.
John Sartain d'après Henry Howard - Gravure, avant 1897 |
Adolfo de Carolis - bois gravé, 1916 |
Mosaïque - Palazzo Massimo alle Terme, Rome |
Pietro Santo Bartoli, d'après Giulio Romano - Hylas a Nymphis raptus |
William Callio Roffe d'après John Gibson. Gravure, 1854 |
Le tableau (ci-dessous) fait parfaitement la transition avec les délires féministes du musée de Manchester. Il a été peint par une femme en 1909. Henrietta Rae était-elle victime des questions de genre, de sexe, de sexualité et de classe qui nous affectent tous, comme l'expliquent doctement Sonya Boyce et sa comparse Clare Gannaway ?
Henrietta Rae. 1909 |
Les hasards de l'actualité jouent parfois de bien mauvais tour aux blogueurs. Pendant que je faisais des recherches pour donner un peu de substance à ce billet, je suis tombé sur cet article du Guardian.
Une conservatrice très conservatrice (Clare Ganneway), pour faire plaisir à une nanartiste (Sonya Boyce) qu'elle subventionne, a fait retirer ce tableau de Waterhouse du musée de Manchester.
John William Waterhouse. 1896 |
Heureusement que ces gonzesses sont incultes, parce qu'à ce compte, ce sont des pans entiers de la littérature classique qu'il faudrait expurger !
Petite bibliographie aléatoire :
Ce billet n'aurait pas pu être rédigé et illustré sans le travail des autres, en particulier le blog Spencer Alley pour l'iconographie et Remacle pour les textes de l'Antiquité.
Qu'ils soient remerciés pour ce qu'ils font. Par contre, toutes les erreurs sont les miennes...
"Cependant l'étoile du matin brillait sur la cime des montagnes, les vents propices commençaient à souffler,"
RépondreSupprimerVersion d'Appolonius de Rhodes - Les Argonautiques (...) Poème en quatre chants (dans la traduction de Caussin, via Remacle)
.
Il m'arrive moi aussi, le matin, d'avoir des vents propices.
A propos de vents...
SupprimerIl va en être question aujourd'hui à 16h51, sur ce blog même.
Fort avis de tempête prévu. Vous aurez été prévenus !
très intéressant bravo pour votre recherche
RépondreSupprimer