Comme le fait finement remarquer Allen John's attic, en 1925 Boob signifiait plutôt Nigaud que Nichon. C'est dommage parce que ça m'a entrainé dans d'inutiles recherches sur ce court métrage d'Harry Edwards produit par Mack Sennett.
Comme pour tout bon film burlesque (au sens français du terme), la lecture du synopsis est presque aussi longue que le film.
Synopsis
Chester traverse une forêt d'arbres gigantesques, une hache à double tranchant sur l’épaule. Il croise Big Bill Reardon, le chef, qui organise l’abattage d’un arbre immense. L’arbre manque de peu de l’écraser, et Chester commence à couper quelque chose hors champ. Un tout petit arbre tombe. Il trouve ensuite un arbre de taille normale marqué d’un "X" blanc pour l’abattage, mais sa hache rebondit sur le tronc.
Une jeune femme apparaît : Hazel Wood. Bill ordonne à Chester de rester à l’écart, mais Hazel semble attirée par lui et tente de l’embrasser. Jaloux, Bill tend un piège à Chester en le faisant asseoir sur un grand tronc sur une glissoire à rondins, mais finit par se faire entraîner lui-même. En bas, Chester est catapulté et se retrouve perché sur un tronc dressé. Bill le rattrape et le passe à tabac.
Chester arrive, meurtri et couvert de bleus, dans un petit village forestier. Bill et Hazel discutent de lui dans une pièce. Chester entre et piège Bill au centre d’une table coulissante. Il part avec Hazel, qui obtient un emploi "à un salaire plus élevé et à une altitude plus basse" comme caissière dans un saloon. Le patron propose un poste de plongeur à Chester. Ce dernier se présente et est inspecté par le propriétaire du saloon, qui lui offre un verre d’alcool pour se porter chance. Hazel lui conseille de l’accepter.
Après s’être levé, Chester va à la cuisine et rencontre le cuisinier, qui découpe de la viande avec un gros couperet. Lui aussi lui offre un verre pour lui porter chance. Chester s’assoit par terre pour le boire, craignant de tomber encore. Le cuisinier lui confie ensuite une pile immense d’assiettes, qu’il peine à porter. Les assiettes vacillent. Un autre plongeur fait tomber une tasse et se fait battre par le cuisinier. Chester tente de reposer les assiettes, mais elles continuent à osciller.
Dans le saloon, un client difficile demande à un serveur quand sa soupe arrivera. N’obtenant pas la réponse souhaitée, il frappe le serveur, qui atterrit dans la cuisine. Chester renverse une lampe à huile dans la soupe. On lui demande d’attendre, mais le client insiste pour avoir sa soupe. Chester, désemparé, propose des haricots à la place. Hazel intervient et affirme que le serveur a six encoches sur son revolver. Le patron avertit le client qu’il ferait mieux de manger ce qu’on lui apporte. Le client goûte la soupe, la trouve délicieuse, mais s’effondre et s’enfuit soudainement.
Dans la cuisine, le cuisinier goûte la soupe et la recrache violemment, presque enflammant la pièce. Il trouve la lampe dans le plat et se lance à la poursuite de Chester. Une boîte tombe sur la tête du cuisinier, qui, aveuglé, est frappé par un coup de sabot de mule. Pensant que Chester l’a frappé, il implore sa pitié et s’enfuit. Chester gagne alors le surnom de "Tueur Pleurnichard."
Dans un coin du saloon, une partie de poker se déroule. Chester est désormais videur. On avertit Tough Mike de se méfier de lui. Mike montre son habileté au tir, mais Chester, grâce à un système de ficelles, simule qu’il tire avec un revolver magique. Lorsque tout le système se déclenche à la fois, Mike, effrayé, s’enfuit en pensant que Chester possède une arme surpuissante.
Big Bill arrive et voit Hazel. Il frappe un serveur qui tente d’intervenir. Chester s’avance, mais Bill lui enlève son chapeau et le frappe. Chester riposte, frappant également un autre homme dans le saloon. Les lumières s’éteignent et une bagarre éclate dans l’obscurité. Quand elles se rallument, Chester est le seul debout. Il marque ses victoires à la craie sur une chaise. En tentant de réanimer Bill avec du whisky, ce dernier sort une arme, mais Chester le neutralise avec la bouteille et quitte le saloon au bras de Hazel.
Boobs in the Wood, réalisé par Harry Edwards en 1925, est une comédie burlesque classique de l'ère du cinéma muet, portée par le légendaire comédien Harry Langdon. Dans ce court-métrage, Langdon incarne un personnage naïf et maladroit plongé dans une série de mésaventures dans une petite ville rurale. Comme toujours, son jeu repose sur une combinaison d’innocence, de timing comique et de gestuelle exagérée, qui font le charme de ses performances.
Le film est un exemple parfait du slapstick de l’époque, regorgeant de gags visuels inventifs et de quiproquos absurdes. Le titre lui-même, un jeu de mots (sur une chanson pour enfants, rien à voir avec les nichons de l'héroïne...), annonce une intrigue légère mais divertissante, centrée sur les maladresses du personnage principal alors qu’il tente de s’intégrer à une communauté souvent hostile. La simplicité du scénario, un trait typique des films muets de cette période, laisse toute la place à l’exploration comique.
La réalisation de Harry Edwards est efficace, bien qu’elle ne se distingue pas particulièrement par des innovations techniques. Les décors naturels utilisés pour représenter la campagne américaine ajoutent une touche d’authenticité au cadre, en contraste avec l'humour loufoque et les situations absurdes. Le film met également en lumière l’importance de la musique, jouée en direct lors des projections originales, pour amplifier les moments comiques.
Cependant, Boobs in the Wood souffre de quelques limites. Le rythme peut sembler inégal, et certains gags s’éternisent un peu trop, perdant leur impact comique. De plus, si Langdon brille par son style unique, les personnages secondaires manquent parfois de profondeur et servent uniquement de faire-valoir. Cela peut donner au film un aspect répétitif pour un spectateur contemporain.
Malgré ses faiblesses, Boobs in the Wood reste une capsule temporelle précieuse. Le film illustre une époque où la simplicité de l’humour physique et le charisme d’un acteur pouvaient porter à eux seuls une production entière. Harry Langdon, bien que souvent éclipsé par ses contemporains comme Chaplin ou Keaton, prouve ici qu’il mérite sa place parmi les grands noms de la comédie burlesque.
En conclusion, Boobs in the Wood est un film charmant pour les amateurs de cinéma muet, mais son attrait pourrait être limité pour un public moderne peu habitué à ce type d’humour. Il n’en reste pas moins un témoignage fascinant d’une époque où le rire naissait d’un simple regard ou d’une chute bien exécutée.
Le film complet
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