vendredi 24 janvier 2014

Il faut toujours suivre les conseils de Morice

Morice conseille à l'un de ses lecteurs de cliquer sur tous les liens de son dernier article (en annexe ci-dessous)

J'ai suivi son conseil :

Merci de votre conseil Morice...
J’ai donc cliqué sur TOUS les liens de votre production du jour !

Résultat :
9 liens vers des photos.
7 liens vers wikipedia... des articles plus ou moins pertinents, dont celui sur la version anglaise de l’aluminium... Grâce à vous, la fabrication des canettes de soda en anglais n’a plus aucun secret pour moi...
Quelques liens morts et un lien vers un numéro de téléphone !
Par contre, aucun lien HONNETE vers vos VRAIES sources... Comme d’habitude...
Seriez-vous le seul pseudo-auteur citoyen qui n’a pas la courtoisie, à défaut d’intelligence, de mettre un lien vers les pages internet qu’il recopie ?
Un lien vers une photo quelconque n’est qu’une médiocre bidouille dont vous seul êtes dupe.
Par exemple, pour le Thresher qui occupe près du tiers de votre article (sic), le lien honnête serait :
http://www.dissident-media.org/info...
Site sur lequel vous recopiez presque tout.
Pourtant vous nous mettez un lien sans aucun intérêt vers l’image de la couverture d’un livre...
Lien doublement sans intérêt, puisqu’on retrouve cette même photo dans le corps votre article...
A moins que vous ne prétendiez avoir recopié exactement et par hasard, coquilles incluses, les mêmes extraits que le contributeur de dissident-media.org en 2006 ?




Les folies de la guerre froide révélées (25) : réagir face à la tragédie

Les américains, avec le lancement de leurs premiers sous-marins nucléaires, sont devenus très sûrs d'eux. Les soviétiques sont visiblement à la remorque : ils ont du mal à construire des réacteurs nucléaires de petite taille, ce que les américains semblent avoir appris de chercheurs allemands qui travallaient à Hambourg (j'y reviendrai bientôt je pense), grâce au domptage du zirconium, en particulier. Cette avance les rendra trop sûrs d'eux : le nucléaire est une industrie où aucun écart n'est permis (ce qui explique les trois années où le Nautilus n'a pas avancé en construction !). La réalisation à la hâte de réacteurs, en pleine essor de l'armement nucléaire aura sa faille avec la perte du fleuron de la nouvelle gamme de sous-marins américains. La perte du sous-marin Thresher, qui devait annoncer une quinzaine d'engins du même type à construire dans la foulée était bien une catastrophe pour la Marine US... et pour celui qui a porté sur les fonts baptismaux les sous-marins nucléaires, l'amiral Rickover. Ce dernier fera tout pour disculper ses techniciens : or aujourd'hui encore, l'explication donnée à la perte du Thresher paraît bien mince. Le réacteur lui-même semble avoir été en cause. Rickover ayant alors songé à d'autres catastrophes possibles, tout en niant qu'elle puissent à nouveau se produire, en imaginant un sous-marin de sauvetage d'un genre fort particulier comme on va le voir. La Guerre Froide aura aussi été (et avant tout !) le temps du bluff et de la dissimulation !
Tout démarre avec une terrible catastrophe qui a marqué son temps. C'est celle du sous-marin Thresher. Le 10 avril 1963 (j'avais alors 12 ans et cela m'avait marqué) un sous-marin d'attaque US lancé le 9 juillet 1960 est annoncé comme perdus corps et biens lors de ses essais en mer de tests de profondeur. Il y avait à bord 129 hommes, et c'était alors la pire catastrophe touchant alors la marine américaine (ça l'est toujours), dont les sous-marins nucléaires apparaissaient comme des fleurons de technologie dans tous les magazines, y compris pour gamins (je pense aux fameux Pilotorama du magazine du même nom). Un choc pour tout le monde, tant ses engins paraissaient indestructibles en temps de paix, ou présentés comme tels par leurs fabricants. Selon l'enquête faite après la catastrophe, sa desctruction proviendrait d'une pompe défectueuse de ballastage, dont l'air comprimé se serait transformé en glace et aurait bouché le conduit, après qu'une conduite d'eau de refroidissement du réacteur ait sauté , conduisant à l'arrêt automatique du réacteur, désormais non refroidi. "La cause la plus probable de la [Thresher] accident était la défaillance d'un joint de brasage à l'argent dans une canalisation d'eau de mer en fonctionnement près de la profondeur de test qui a permis aux embruns sous haute pression de court-circuiter l'équipement électrique et conduit à un arrêt d'urgence du réacteur" dira en conclusion l'amiral Kirkland Donald, L'engin, sans propulsion et sans capacité de ballastage, aurait sombré inexorablement, ne laissant aucune chance à ses marins, la profondeur broyant littéralement le sous-marin et ses occupants sous la pression de l'eau. Ci-contre à droite un des tuyaux de cuivre remonté, complètement tordu par la pression de l'eau. L'explication laisse à vrai dire perplexe, aujourd'hui encore. La recommandation pour toute la gamme qui va suivre de ne pas plonger aussi profond que prévu à l'origine ne va pas aider dans le sens de disculper le réacteur lui-même, ou la conception générale des sous-marins US...
Le dernier message du commandant à son navire suiveur ne donnait que peu d'informations sur ce qui s'était passé exactement : "subissons difficulté mineure. ... nous avons un angle positif. ... Tentons de ballaster ... Nous vous tenons informés" Et plus rien : la chute au fond avait été fort brutale. L'enquête démontrera que le Thresher aurait pu s'en sortir si l'on avait appliqué d'autres procédures, ou si l'arrêt du réacteur n'aurait pas été conduit de façon automatique. Défaut de conception, il semble y avoir, et Rickover cherche à le minimiser. "La fin du Thresher dans des eaux d'un mille et demi de profondeur a provoqué de profonds changements au sein de l' US Navy , en particulier concernant la sécurité des sous-mariniers. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le naufrage des navires avec toutes les marins était à bord acceptable, mais beaucoup de choses ont changé depuis lors. En temps de paix, la perte de tant de vies ne pouvait pas être ignorée. L'enquête de la marine a souligné la nécessité d'un moyen de sauver les hommes piégés sous la surface à bord de sous-marins en difficultés. Même si aucun de sauvetage aurait été possible dans le cas du Thresher, nos sous-mariniers auraient aimé savoir que si la catastrophe les frappaient, nos camarades de la marine auraient au moins être en mesure d'essayer de nous sauver". Pour ces essais, pourtant le Thresher était accompagné du Skylark, qui avait à son bord une chambre de secours McCann capable d'aller chercher des marins à 850 pieds de profondeur (mais capable de plonger à 250 m maxi !) : à l'époque c'était le seul engin de secours dont disposait la Navy ! Le plus étonnant de l'affaire, c'est que la fin du Thresher, le système SOSUS l'avait enregistré intégralement. "les pompes primaires du sous-marin ont été initialement détectées par SOSUS le 10 Avril à 08h45, alors que le sous-marin était proche d'une profondeur de 1 000 pieds. Les données de SOSUS ont indiqué qu'à 09h11, après deux minutes d'instabilité sur la fréquence, le bus électrique non vital s'est arrêté, tandis que les pompes de réacteurs fonctionnaient encore en mode "rapide" , la gamme à pleine puissance pour obtenir la propulsionLa défaillance de ce bus électrique a provoqué l'arrêt des principales pompes de refroidissement, ce qui a entraîné l'arrêt d'urgence immédiate du réacteur" . La coque du sous marin, vers 1 300–2 000 pieds de profondeur (entre 400 et 610 m), avait implosé, et ses débris projetés à 8400 pieds (2 560m). Implosion de la coque, ou explosion du réacteur, les avis divergent. Les débris sont répandus sur 134 000 m2 ; et on ne pouvaitt en distinguer que six gros morceaux , aux tôles broyées par la pression, ou des bouts de câbles et des vestiges éparts de laine de verre. La trace acoustique laissée par l'implosion a été très brève, de l'ordre d'un dizième de seconde, les marins ayant tous été tués instantanément à ce moment là. L'enquête n'évoquera jamais l'état du réacteur en lui-même. D'après la faible taille des morceaux visibles (on ne montrera jamais l'élément central), certains pensent que le réacteur a fait des siennes bien avant l'implosion en profondeur... le doute subiste toujours, aujourd'hui, la Navy se refusant à montrer tous les clichés remontés à la surface.
Cette même Navy, traumatisée, souhaitait ardemment aussitôt savoir ce qui s'était passé, et pour cela avait fait appel au seul engin dont elle disposait capable d'aller voir au fond ce qui restait du sous-marin pour découvrir l'origine de la catastrophe. Un engin acheté en 1958, cinq ans auparavant, donc, grâce à un passionné de recherches océanographiques, Andreas Rechnitzer, qui avait fait de la plongée sous-marine à La Jolla près de San Diego, juste avant de finir ses études à l'U.S. Navy Midshipmen School de Fort Schuyler. Ce dernier avait réussi à convaincre la Navy de s'en munir, en le rachetant 250 000 dollars à son propriétaire suisse, le professeur Auguste Piccard qui a besoin d'argent pour financer ses recherches : c'était devenu le Projet Nekton, un des meilleurs achats de la Navy pour beaucoup d'observateurs. On dépêche aussitôt sur place deux appareils : le Trieste II, fortement modifié déjà, (dès novembre 1963) et le petit rover du Mizar, un navire du Military Sea Transportation Service, de la classe des Eltanin. Le petit remorqueur suiveur de la classe de l'Apache, l'USS Skylark (ASR-20), devenu entre temps "submarine rescue ship" est un des premiers à avoir entendu le signal de détresse du Tresher et avoir tenté de communiquer avec lui via le système "Gertrude" (UQC ou AN/WQC-2), il s'était aussitôt positionné à l'endroit de la catastrophe, où l'on pouvait voir une sinistre tâche d'huile annonciatrice de perte de bâtiment chez les sous-mariniers.
Le Trieste, j'en avais déjà expliqué la provenance et le rôle lors de cette catastrophe : "le Trieste, construit en 1953 avait été acheté en 1958 par la Marine américaine officiellement pour étudier les étranges réflexions radars constatées à certaines profondeurs... et officieusement pour aller inspecter les restes des sous-marins accidentés broyés au fond des océans, tel le Tresher de terrible mémoire, disparu le 10 avril 1963. Le 13 septembre de la même année, dépêché sur les lieux du naufrage, le bathyscaphe remontait de 2 560 m de profondeur un élément essentiel pour l’enquête sur la catastrophe qui conclura à des défauts de soudure sur des éléments de refroidissement du cœur nucléaire Pour ne pas alerter les Russes, les services secrets américains racontèrent partout que le Trieste participait alors à la recherche du Titanic... Bien évidemment, autour du Trieste, à sa remontée, on trouvait les célèbres chalutiers soviétiques à l’affût. En fait, la première expédition pour le Titanic ne se fera pas avant 1980 et la première image d’une chaudière et d’une cheminée ne sera pas vue avant le 1er septembre 1985 !" Le rover montrera des images effroyables d'un sous-marin éparpillé en milliers de morceaux portant la trace chez les plus gros de l'intensité de la pression de l'eau à cette profonfeur, comme ici sur le gouvernail supérieur. Un véritable traumatisme pour la Navy, mais aussi et surout pour celui qui avait imposé la construction d'engins de ce genre : l'amiral Rickover, effondré lui aussi par l'ampleur de la catastrophe : le Thresher est le premier d'une nouvelle classe de sous-marins devant comporter 14 exemplaires au total. Si bien que les successeurs connaîtront des remises à jour coûteuses : ainsi l'USS Permit, de retour à Mare Island durant l'hiver1966, puis à nouveau en 1967 ( le Thresher disparu c'est le Permit qui donnera son nom à la classe de sous-marins). Le développement d'engins complexes n'est visiblement pas une science exacte... et la technologie change si vite, celle de l'adversaire également, qu'entretenir une telle flotte consiste aussi à réserver sa place dans un dock... les russes ayant résolu le problème avec leur dock flottant blindé.`

Consciente de ses manquements en matière de secours aux sous-marins, la Marine US va faire évoluer le Trieste, en lui ajoutant des pieds (quatre) pour qu'il puisse se poser au fond sans abîmer sa sphère, et lui ajoutera une pince pour se saisir d'objets volumimeux (il servira ainsi à aller ramasser un satellite de la gamme des Corona-Keyhole comme j'ai pu le décrire ici-même), mais elle ne dispose alors que de lui, deux autres prétendants n'étant encore que des projets ou en cours de développement. Le petit Alvin, du nom d'un océanogaphe réputé (Allyn C. Vine) est un petit submersible bien plus pratique : il ne pèse que 17 tonnes et peut se "casser" en deux en cas de problèmes (ce qui ne lui empêchera pas un jour de couler, il sera recupéré et refait à neuf), il est capable de plonger à 4500 mètres à partir de son navire-mère, le R/V Atlantis, un bateau de type AGOR-23. Il apparaît hélas après la catastrophe du Tresher, étant testé l'année suivante seulement. Il appartient à la Navy, ou exactement à l'Office of Naval Research (ONR) sous la direction du National Deep Submergence Facility du fameux Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI). Un autre prétendant existe, venu du secteur privé au départ, il a lui aussi été "récupéré" par l'armée. C'est l'Aluminaut, engin plus gros de 80 tonnes, fait de 11 cylindres d'aluminium forgé mis bout à bout et fermés par deux demi-sphères. Vitrine océanographique de la Reynolds Metals Aluminum Company, conçu dès l'année 1956, il a connu des déboires ; au départ démuni de kiosque, il a sombré lors de ses premiers essais, et une maquette au 1/6eme de remplacement a testé sa formule finale en 1960. C'est lui qui ira chercher au fond de l'eau l'Alvin, en 1969 ; et lui aussi ne commencera sa carrière qu'en 1964 : le Trieste est bien le seul engin disponible pour aller inspecter le Thresher. Au moment de la catastrophe, la Navy ne s'était pas encore lancée dans un autre projet, appelé DSRV, immédiatement décidé après la catastrophe, mais dont la construction sera longue : confiée à Lockheed, c'est un engin extérieurement cylindrique surnommé Mystic (c'est une carrosserie en fibre de verre) mais dont l'intérieur est composé de trois sphères d'acier de bathyscaphe. La sphère de l'avant est celle du pilote et du copilote, les deux sphères arrière sont prévues pour accueillir les rescapés (24 au total !) ou pour installer des équipements pour des opérations complémentaires. Les manœuvres sont réalisée en utilisant quatre propulseurs et une hélice principale. Il n'apparaîtra hélas que 7 ans après la catastrophe, son premier "voyage" d'essai sur le dos d'un sous-marin (Le Bergall) n'ayant pas lieu avant 1971. Il avait été conçu pour être transportable dans la soute d'un avion de transport Galaxy : en 2005, des émissaires russes viendront le voir en fonctionnement, pour s'en inspirer et créer un véhicule similaire de sauvetage. En 1971, un second modèle baptisé Avalon, accueilli sur le dos du Greenville sera lancé. Ces deux engins, chargés de remplacer la cloche McCann ne possèdent aucun outil de récupération d'objets. Leur plongée maximale se limite à 5,000 pieds (1524 mètres).

La catastrophe du Tresher est mal vécue à l'amirauté : la presse s'en est emparée, attaquant les vues futuristes de l'amiral. C'est ce même amiral Rickover, le père du sous-marin nucléaire mais aussi du nucléaire US en général (sa première centrale sera transformée en surgénérateur) qui est venu verser de l'huile sur le feu dans les médias au lendemain de la catastrophe : mis en cause par une couverture assassine de Time, il répond... violemment en défendant bec et ongle ses nouveaux bébés, écrivent Peter Pringle - James Spigelman "Les barons de l'atome", : "vingt-quatre heures plus tard, sans la moindre preuve concluante, l'amiral Hyman Rickover rejette d'autorité la suggestion que l'accident aurait pu être causé par une défaillance du réacteur nucléaire. Lors de la double enquête de l'US Navy et du Congrès, Rickover - qui est pourtant rien moins qu'impartial - restera le seul et unique expert sur les aspects nucléaires de l'accident et sa parole sera acceptée sans la moindre discussion. Aujourd'hui encore, le procès-verbal des débats reste confidentiel, mais les renseignements dont on dispose indiquent une inquiétante naïveté de la part du public dans sa totale et aveugle acceptation des affirmations de Rickover. A la conférence de presse du Pentagone, tenue le matin qui suit la disparition du sous-marin, le chef des opérations navales transmet un message rassurant de l'amiral : il n'y aura pas de « dangers de radioactivité ». Plus tard ce même jour, Rickover lui-même fait une déclaration où sont détaillés les « nombreux dispositifs de protection et les principes autorégulateurs conçus pour empêcher automatiquement toute fusion des éléments combustibles ». Affirmation pour le moins étonnante à un moment où personne ne peut avoir la moindre idée de qui est exactement arrivé au Thresher ; on vient à peine de recueillir les premiers débris et personne n'a encore eu le temps de les analyser. Ce qui n'empêche nullement la presse de rendre aussitôt hommage à la « sécurité inhérente » des réacteurs de Rickover et de publier des articles qui excluent d'emblée la possibilité d'une défaillance d'origine nucléaire. Or une fois éliminée, cette possibilité ne fera plus jamais l'objet d'un examen un peu poussé. Lorsque Rickover vient témoigner devant la Commission d'enquête navale à Portsmouth, New Hampshire, le 29 avril, il s'empresse d'étayer ses affirmations initiales par des preuves. Des échantillons prélevés au fond de l'océan, à l'endroit où le Thresher a disparu, n'indiquent aucune trace d'accroissement du taux de radioactivité. En donnant ce renseignement, Rickover laisse entendre qu'il est essentiel, que si le réacteur avait été la cause de l'accident, il y aurait à cet endroit des signes de radioactivité accrue. En fait, cette précision n'a pas vraiment grand intérêt quand le sous-marin a coulé, quelle qu'en soit la raison, il a forcément implosé sous la pression de l'eau, éparpillant des morceaux de réacteur sur une zone fort étendue ; certains auront nécessairement été en contact avec le coeur et de ce fait intensément radioactifs. De toute façon, même s'ils avaient été retrouvés, cela n'expliquerait pas automatiquement la cause de l'accident, mais cela la Commission d'enquête n'en sait rien, Rickover étant son unique expert sur la physique des réacteurs". "Circulez, il n'y a rien à voir" : le leit-motiv de l'accident nucléaire sous Rickover n'est pas différent de ce qu'on entendra pendant les années suivantes. Il est évident que l'endroit de la catastrophe est complètement contaminé : Rickover le sait, mais il dit le contraire.
Car jamais on n'évoquera la catastrophe sous l'angle de la défection du réacteur nucléaire, ce qu'osera évoquer pourtant un obscur chimiste du chantier naval de l'US Navy à Portsmouth. "Ce dernier précise que certains morceaux d'une matière plastique analogue à celle utilisée pour gainer les réacteurs, retrouvés dans la zone de recherche, portent des traces de brûlure, comme s'ils avaient été soumis à un « retour de flammes ». Il a également découvert que certains de ces morceaux de plastique présentent des bords déchiquetés dans lesquels sont incrustés des morceaux de métal, ce qui semble indiquer une explosion quelconque à l'intérieur ou à côté du réacteur. Si un réacteur subit une perte de fluide caloporteur et que le système de refroidissement de secours flanche à son tour, le coeur continue à chauffer et devient instable - ce qui peut entraîner sa fusion. Les faits que le chimiste de Portsmouth présente à la Commission d'enquête correspondent parfaitement à une fusion du coeur, pourtant Rickover ne mentionne même pas cette possibilité. Au contraire, quelques jours plus tard, un de ses aides témoigne à son tour et rejette la théorie de « retour de flammes ». Il déclare avoir examiné un des gros fragments récupérés et découvert que la décoloration qui ressemble à une brûlure provient « apparemment » du lubrifiant d'une perceuse utilisée à la fabrication de l'enceinte pressurisée. Il ne fait aucune mention des autres morceaux de plastique plus petits qui portent des traces identiques. La Commission accepte son témoignage et ne tient aucun compte des autres preuves contradictoires apportées par le chimiste. On n'envisagera plus jamais la possibilité d'une fusion du coeur, ni au cours des audiences de la Commission d'enquête navale, ni surtout au cours des audiences organisées ensuite par le Congrès". Bref, on a enterré le cas. Il n'y a pas qu'à Fukushima que l'on a menti. La raison est simple et stratégique. L'Amérique n'a tout simplement pas les moyens d'empêcher la poursuite de son colossal programme de sous marins nucléaires. Les russes sont empêtrés dans leurs problèmes ; certes, mais on sait que l'avance prise ne tiendra pas longtemps. Depuis le 9 août, 1957, un sous marin nucléaire russe existe, il est entré en service en juillet 1958, et même s'il ne marche pas trop bien en ressemblalt par trop à un U-Boot nucléarisé, il constitue une crainte supplémentaire pour l'armée américaine, qui vient de subir affront sur affront dans le domaine spatial. La Guerre Froide se joue alors dans l'espace ou au fond des profondeurs, où les morts se font fort discrets : on comptabilisera plus tard près de 700 sous-mariniers, de part et d'autre, qui y auront laissé la vie dans l'indifférence générale, sauf peut-être pour cette première catastrophe au retentissement mondial.

Mais il y a une autre inquiétude encore. La Navy en serait-elle restée aux seuls engins décrits ici ? Une information tardive, de 1982, venue bizarrement de Suède, va intriguer et relancer le débat sur l'existence possible d'un autre engin resté jusqu'ici secret, et dont on vient seulement de constater l'existence... au moment de le mettre au musée, comme on avait pu faire pour certains projets secrets dans le domaine de l'aviation. Rickover avait-il conçu d'autres engins ? Une information plus qu'étrange... en effet. Nous l'étudierons prochainement, si vous le voulez bien.

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