lundi 27 janvier 2014

Un sous-marinier d'attaque pour copier Wikipedia

Dernier opus de Morice (en annexe)

Maintenant c'est à Wikipedia qu'il s'attaque !


Faisons simple... Une phrase de l’article prise au hasard...
"Le 7 avril 1989, alors qu’il est sous les ordres du capitaine Evgeny Vaninet remonte d’une profondeur de 335 mètres (1099 pieds), en essai à environ 180 kilomètres au sud-ouest de l’île aux Ours (en Norvège )«
En américain, ça donne ceci : »On 7 April 1989, while under the command of Captain 1st Rank Evgeny Vanin and running submerged at a depth of 335 metres (1,099 ft) about 180 kilometres (100 nmi) southwest of Bear Island (Norway)«
Ce n’est autre que la fiche wikipedia en anglais qui est pompée en long en large et en travers dans cet article signé de Morice. Il n’a pas compris l’abréviation nmi = milles nautiques et ne l’a donc pas copiée :
http://en.wikipedia.org/wiki/Soviet_submarine_K-278_Komsomolets
Malin comme un ...., notre ami Morice qui s’est bien gardé de recopier la fiche française moins précise et surtout trop visible !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Komsomolets
Or Wikipedia indique bien dans ses conditions générales d’utilisation :
 »Wikipédia est conçue pour être réutilisée et diffusée (...) Mais cette réutilisation doit se faire en suivant les règles de la « Licence Creative Attribution - Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé » (CC BY-SA 3.0). Pour la réutilisation, la copie ou la modification de tout ou partie du texte d’un article, vous devez :
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Vous aimez les BELLES photos de sous-marins ?
Il y a un site de passionnés qui les collectent :
http://www.air-defense.net/forum/topic/7178-photos-sna-et-snle/page-47
Ce serait sympa de rendre hommage à leur travail !

L'opus copier/coller de Morice pour preuve :




Les folies de la guerre froide (28) : dompter le titane, un problème chez les russes aussi

La course aux armements de la Guerre Froide s'est heurtée des deux côtés à des problèmes techniques, chaque adversaire poussant l'autre a aller plus loin. En aviation comme dans le domaine sous-marin, est ainsi apparu le titane comme matériau en remplacement de l'acier : plus léger et plus résistant, il a été présenté comme une panacée, dont la maîtrise sera un long chemin de croix des deux côtés. Les russes se lanceront dans la construction de sous-marins fabriqués dans ce métal, mais la chute de l'URSS en bloquera la prolifération : les engins étaient alors fabriqués à un prix faramineux, et on reviendra une quinzaine d'années plus tard à l'acier, moins onéreux. En réalité, avant de sombrer économiquement, l'URSS vivait déjà largement au dessus de ses moyens, et l'entretien de ses vieux sous-marins est devenu impossible. Si on ajoute un laisser-faire et une véritable science du détournement sur les chantiers de construction, une gabegie et une corruption à tous les stades (lire ici le désolant témoignage de Dimitri Andreevitch Romanov, le responsable du projet de sous-marin de titane), on obtient obligatoirement au bout des catastrophes, qui deviendront vite des catastrophes écologiques : la Russie n'a pas fabriqué qu'un Tchernobyl, et au fond des eaux, d'autres bombes à retardement existent, après le naufrage de sous-marins russes emportant des armes nucléaires dont on ne connait absolument pas le comportement dans les profondeurs atteintes par ces naufrages à répétiion.
Cela commence par une constatation évidente : à la fin des années 60, là où les américains étaient passés aux sous-marins à simple coque, les russes continuaient toujours à en fabriquer en coque double, ce qui alourdissait les engins et les rendaient moins rapides surtout. Industriellement, les russes avaient du retard avec leurs sous-marins encore trop influencés par les U-Boot de la fin de la seconde guerre mondiale. Jusqu'à un jour de 1969 où sur le bord de la Neva est apparu un drôle d'engin plus petit et plus ramassé que ce que fabriquaient alors les USA : un sous-marin de 79 mètres de long seulement, pour 2600 tonnes de déplacement (c'est alors le plus petit des SSN), à haute flottabilité. C'est le premier ALFA Class, dont la coque principale brille au lieu d'être couverte de l'habituelle rouille de surface des tôles en acier des chantiers sorties des ateliers de Sudomekh (à Leningrad-Saint-Pétersbourg), avant qu'on ne le recouvre de sa seconde coque (il n'est pas encore simple) et de tuiles anéchoïques. La dessus, un espion US (G.Thamm) émet un verdict sans appel, mais il n'est pas cru par ses supérieurs qui n'imaginent pas que les russes puissent possèder une technologie avancée. D'autres pourtant appuient ses dires, dont Herb Lord, un analyste du Naval Center Intelligence de Suitland, dans le Maryland, ou son collègue anglais Nick Cheshire. C'est dommage pour Thamm, car l'homme est un fin connaisseur des mystères de la vie soviétique (en photo la sortie du chantier d'un sous-marin russe, recouvert de filets de camouflage pour éviter les prises de vues des satellites). Gerhardt Thamm est en effet un sacré cas à lui tout seul : en 1945, en basse Silésie et s'est retrouvé à 15 ans enrôlé dans l'armée allemande. Au retour de la guerre lui et sa famile ont été déportés de Silesie en Allemagne de l'Est, d'où il est parti s'installer aux Etats-Unis en 1948 ; d'où il est aussitôt renvoyé en Allemagne de l'Est pour jouer à l'espion. C'est lui qui raconte des années après cette incompréhension dans le site même de la CIA qui constitue la source principale de cet article.
C'est bien un engin fait de titane, en effet, qu'il a observé.  Ce qui bouscule toutes les idées reçues aux USA, qui ont dû acheter des stocks aux russes, justement, au même moment.  Des stocks de ce précieux métal pour fabriquer le SR-71, par exemple... "Au début, tout le matériel de fabrication obtenu à partir de la Titanium Metal Corporation a dû être rejeté sur la base de la qualité pure. L'ensemble du premier lot de matière première a fini par être rejeté même un "décapage". Une source de titane pur a dû être trouvée qui serait en dehors des États-Unis. La source extérieure était situé dans l'Union soviétique (en Ukraine exactement). Non seulement titane soviétique était de meilleure qualité, mais aussi l'URSS était le seul à posséder une presse à forger nécessaire pour former le matériau de base. Dans une course remarquable àl'ironie, la CIA s'est révélée en mesure d'acheter du titane à l'Union soviétique dans des conditions clandestines. L'Union soviétique est resté ignorante qu'elle aidait le développement d'un avion qui pourrait un jour voler au dessus d'elle" avais écrit Mécanique Populaire." Mais les tonnages sont radicalement différents, on s'en doute, pour un avion et un sous-marin, et surtout on se demande comment les tôles qui le composent ont été pliées puis soudées chez les soviétiques, le titane ne supportant de l'être que sous atmosphère neutre (de l'argon). Leur manipulation a posé de sacrés problèmes aux ingénieurs des Skunkworks comme j'ai pu l'expliquer ici aussi, qui avaient remarqué que leurs fournisseurs russes savaient déjà traiter les tôles de titane. Comment donc les russes avaient-ils fait, voilà ce qui inquiète alors les américains qui ignorent encore qu'une seule entreprise sait le faire en URSS : la une seule entreprise, la Sevmash, située à Severodvinsk, sur la Mer Blanche, qui est a seule la capacité de dompter la fabrication des coques en titane (*). L'apparence extérieure "brillante" des engins, démunis de la rouille superficielle caractéristique (protectrice, on l'oublie !) ne mentait pas ; il avaient bien été faits de titane, en effet. L'engin qu'il venait de découvrir était l'aboutissement d'un projet fort novateur de 1957, le Project 705 de l'ingénieur M. G. Rusanov, du Malachite Central Design Bureau. L'observateur spécialisé et fin connaisseur en tirait alors trois surprenantes conclusions :
1) tout la coque est manifestement à simple épaisseur et en titane.
2) un nouveau réacteur plus puissant propulse le nouveau sous-marin.
3) l'engin est automatisé et emporte beaucoup moins de personnel à bord.
Et il a raison sur les deux derniers points (l'engin est à double coque encore), qu'il a simplement déduit de ses observations : dès ses premiers essais l'engin bat des records de vitesse sous l'eau, ce qui avait de quoi inquiéter les américains : leurs torpilles allaient moins vite (ils seront obligés d'en fabriquer une, la MK-48, fabriquée au tarif de 50 millions de dollars pièce pour répondre à cette menace) ! Ceci grâce à un tout nouveau réacteur nucléaire, les russes ayant parié sur un procédé... efficace, mais risqué, en abandonnant l'eau pressurisée. Le principe de réacteur était apparu tôt, avec le Project 645 de classe November-ZhMT, devenu K-27 en acier classique et à la forme d'U-Boot (ici à droite), apparu dès 1962, après cinq années de construction. L'engin tuera 9 marins par radiation après un emballement non maîtrisé de son réacteur : la mise au point s'avérera en effet très difficile. Le mélange de plomb et de bismuth utilisé dans le réacteur ayant un point d'ébullition élevé (1 679 °C), Il était en effet inutile de maintenir le réacteur sous pression, comme c'était le cas avec les réacteurs à eau refroidie. En revanche, il fallait maintenir les réacteurs constamment en chauffe de sorte que la solution de métal ne se solidifie en marche, comme cela aurait été le cas si la température était tombée en dessous de 125°C. Si la solution durcissait, il devenait impossible de relancer le réacteur avec l'agent de refroidissement solidifié : le réacteur était alors considéré comme "mort" et devait être enlevé et remplacé. Une fois lancé, on ne pouvait plus jamais l'arrêter : le terme " réacteur à usage unique " pouvait donc été appliqué aux réacteurs des modèles de cette nouvelle classe Alfa (ici à gauche une tentative récente des russes de le fourguer dans le monde civil). Si bien qu'il a fallu mettre en place toute une ingénierie spéciale pour maintenir en marche ces réacteurs qui ne pouvaient jamais s'arrêter sans s'autodétruire complètement. Près des quais de la base de Zapadnaya dans la presqu'île de Kola où les sous-marins étaient amarrés, un mécanisme spécial avait donc dû construit pour fournir de la vapeur surchauffée aux réacteurs des navires lorsque les réacteurs étaient en veille. Une frégate spéciale avait également été mise à quai pour fournir de la vapeur, pour les sous-marins Alfa, mais cette méthode de chauffage externe s'est avérée à la longue insatisfaisante, et les réacteurs de sous-marins ont donc dû être maintenus en fonctionnement même quand ils étaient au port. Les installations étaient toutes tombées en panne au début des années 1980 , et depuis lors $, les réacteurs de tous les sous-marins Alfa opérationnels ont été maintenus en permanence en cours de fonctionnement jusqu'à leur démantélement. "Cela a conduit à une usure supplémentaire sur ces réacteurs et les sous-marins ont dû aussi être en permanence habités. La difficulté d'essayer de chauffer l'extérieur des réacteurs de sous-marins a été l'une des raisons pour lesquelles la classe Alfa a été mis hors service à la fin des années 1980. Les réacteurs des sous-marins de la classe Alfa avaient était prévus pour une durée de vie opérationnelle de 70 ans au départ" souligne Gerhardt Thamm. En fait de 70 années de service prévus, il n'en feront qu'une dizaine, toute la série étant marquée par des incidents divers (ci-dessous l'installation d'un réacteur nucléaire dans un sous-marin de type Akula) :

Un des exemplaires s'est en effet figé complètement : le K-47, alors qu'il était aux ordres du commandant AS Pushkin. Ce sous-marin a subi un accident de réacteur en 1972 lors de ses essais en mer. Le liquide de refroidissement du métal "s'est figé" et il était donc impossible de retirer le combustible du réacteur. "Après cette période d'essai, le sous-marin a été démantelé. Le compartiment du réacteur a été rempli avec du furfural (?) et du bitume et placé sur une barge pour le transport vers la mer de Kara, où il devait être abandonné. Cependant, alors la barge transportant le réacteur a été remorqué hors de Severodvinsk, un ordre est venu du ministère soviétique de l'Environnement annonçant que la Convention de Londres venait d'être signé et le réacteur ne devait être jeté à la mer. Par la suite, la barge a été remorquée à la place sur de de l'île de Yagry en dehors du chantir Zvezdochka où il est resté jusqu'en 1994, où il a été décidé de le déplacer à Gremikha, où il sera alors stocké sur le rivage". Les russes ne sachant pas trop comment s'en sortir avec leurs réacteurs "figés", c'est la France, avec le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives qui a envoyé un dock flottant spécial appelé SD-10 pour le faire, à Gremikha.
Pour vérifier la nature des matériaux utilisés par les russes, les américains ruseront, ou auront de la chance. Ainsi c'est un assistant naval américain, le commandant William Bill Green quil, lors d'une visite de Leningrad en 1969-1970 ira chercher des débris de construction de sous-marins sur une décharge près du chantier de Sudomekh : un morceau de titane qui était tombé d'un camion yant quitté le chantier ! Même chose au milieu des années 70 ou deux analystes de sous-marins, Richard Brooks de la CIA et Martin Krenzke, du centre de recherches navales de Carderock, dans le Maryland visiteront cette fois un chantier... américain, qui avait acheté de la ferraille en vrac en URSS. Ils tomberont à leur grand étonnement sur un bout de titane, marqué "705", le numéro du projet russe de sous-marin !!!
Le pari risqué des russes ne tiendra pas : le procédé n'était pas au point, et les sous-marins au plomb-bismuth passèrent plus de temps à quai qu'au large. S'ils étaient incroyablement rapides, il étaient aussi fort bruyants et se faisaient repérer facilement par le système SOSUS (déjà évoqué ici). Ils étaient aussi et surtout extrêmement coûteux à produire : l'usage du titane les rendait cinq fois plus chers à l'unité que leurs correspondants en acier. L'effondrement économique de l'URSS en 1989 aura raison d'eux : leurs successeurs reviendront à l'acier (on reparle à nouveau de remettre à flot les derniers construits en titane, munis d'un réacteur plus conventionnel !). Hydrodynamiquement, leur forme en goutte d'eau a en tout cas été repris depuis avec la classe des Victor (le Project 671, ici à droite, en russe Проект 671, avec dans leur version III leur pod caractéristique de l'antenne pour basses fréquences remorquée, posé sur l'aileron de queue), puis des Akula, véritables Ferrari des mers (ils atteignent les 65 km/h, voire davantage sous l'eau et plongent à 600 m). Des Akula qui seront plus silencieux grâce à un revêtement anéchoïque en triple couche et une nouvelle hélce fraisée : "les autres innovations de conception russes signalées comprenaient trois revêtements anéchoïques distincts sur la coque. Les réalisations les plus significatives dans la réduction de bruit rayonné ont été obtenus grâce à l'espionnage. Les efforts d'espionnage du personnel portant sur le naval américain, dont John Walker et le radio Jerry Whitworth qui ont mis au courant les responsables militaires de l'Union soviétique de la façon dont beaucoup de sous-marins américains étaient fabriqués. Des efforts considérables pour marginaliser le profil sonore de l'Akula peuvent être attribués à l'intelligence acquise dans le réseau d'espionnage Walker. Une séquence distincte, mais aussi l'autonomisation des événements pour les Russes était la vente illégale de la technologie de fraisage de l'hélice par la firme japonaise Toshiba et la société norvégienne Kongsberg. Les résultats combinés ont généré une forte baisse des profils de bruit acoustique à large bande". Ce que confirme un amiral américain : "Il est difficile de trouver des sous-marins de la classe Akula de Russie les plus avancés quand ils fonctionnent à la vitesse tactique, ou moins," a déclaré l'amiral Jeremy Boorda ". Tout ceci ayant démarré avant la disparition de l'URSS (Walker a commencé à donner des informations en 1967...). Mais avant que l'URSS ne disparaisse, justement, les ingénieurs russes du Rubin Design Bureau feront un dernier baroud d'honneur en titane, avec le Project 685 Plavnik (Плавник, appelé Mike pour l'Otan). Un engin à double coque, dont l'interne était en titane. Dessiné en 1966, l'engin fut repris en 1974, la quille n'étant posée que le 22 avril 1978 à Severodvinsk. Le K-278 (ici à droite) sera lancé le 3 juin 1983 et reçu offciellement par la Marine russe le le 28 décembre 1983. L'engin surprendra, en reprenant des caractéristiques propres à la classe Alfa, dont le nombre peu élevé de marins à bord (57, puis 64 maximum), preuve que l'automatisation à bord a été bien conçue, comporte aussi une capsule de sauvetage dissimulée dans le kiosque, sous une ouverture en V. La cabine de sauvetage est située au milieu des 7 compartiments principaux de l'engin, dont le 2eme et le 3eme bénéficient de protection renforcée pour servir de refuge en cas de problèmes ; l'accent a été mis sur la sécurité, semble-t-il, à l'inverse de la mauvaise réputation qu'a la Marine soviétique à l'époque : en ce sens, l'état d'esprit avait changé chez les russes, qui n'en étaient plus semble-t-il à sacrifier inutilement leurs marins (l'affaire du Koursk relancera le débat sur le sujet)...

Des engins rapides, c'est ce que cherche alors a fabriquer l'URSS, sans se soucier du bruit qu'ils émettent. Le record de vitesse sous l'eau sera battu par un autre projet lui aussi en titane : le Project 661 Anchar devenu K-162 (ci-dessus sa coupe), mis sur quille dès 1963, mis en service 6 ans plus tard et modifié en 1974 au point d'être rebaptisé K-222, ce sous-marin, générateur d'une classe nouvelle ("Papa") dont il restera le seul représentant, n'était pas mu par des réacteurs au plomb-bismuth mais par deux réacteurs conventionnels à eau pressurisée (d'où ses deux prises d'eau proéminentes en forme de nageoires à l'emplacement du réacteur, visibles ici à droite). Il atteindra certes 44,7 nœuds, soit 82,8 km/h (imaginez cela avec la masse de l'engin à déplacer !!!) en plongée, mais ne sera jamais totalement fiable. Pour alléger le sous-marin, les russes avaientt mis à bord un système électrique innovant en 400 hz au lieu de 50 hz. Le Project 661 devenu K-162 avait été proposé au même moment que celui du bureau Malachite : il allait vite, lui aussi (44.7 nœuds soit 82.8 km/h).... et plongeait profond : 800 m ! Les engins de type Alfa furent construits à deux endroits : à chantier Admiralty de Leningrad et au Sevmashpredpriyatiye de Severodvinsk. Sept seront produits : les K-64, K-123, K-432, K-373, K-493, et K-463, le dernier produit, lancé en 1981 seulement. Tous ont été retirés du service en 1990, seul le K-123 l'étant en 1996, son réacteur étant entre temps échangé contre un plus classique à eau pressurisée. Le premier modèle ne fonctionnant que... 3 ans avant d'être détruit. Ici en photo, 5 des 6 opérationnels, attachés à leur quai leur fournissant l'énergie nécessaire :

Au départ, à l'Ouest, on spécule donc naturellement sur une grande vitesse pour le tout dernier-né, le croyant muni de deux réacteurs bismuth-plomb. En réalité, il va beaucoup moins vite, mais fait surtout moins de bruit, étant muni d'un réacteur classique à eau pressurisée : un classique OK-650b-3. Non, ce qui le caractérise, lui,... c'est la profondeur qu'il peut atteindre : les russes annoncent en effet plus de 1000 m !!! Et en effet. Fleuron de la plongée profonde, sorte de bathyscaphe d'attaque, appellé "Mike" dans la terminologie Otan, il reçoit le nom très officiel de Komsomolets, après que son commandant, le capitaine Yuriy Zelenskiy ait atteint en 1988 le record de 1020 mètres (3 345 pieds) ce qu'aucun sous-marin d'attaque ou lance-missile américain ne peut atteindre (la classe Virginia américaine est donnée pour 250 m !)... à l'exception du petit NR-1 de sauvetage-recherche, comme on pu le voir. Les soviétiques ont une nouvelle arme, qui se cache en dessous de tous les autres ! Un terrain de jeu inattendu, les grandes profondeurs, où les américains n'ont aucun adversaire à proposer ! D'où l'embarras certain de Washington à l'annonce de l'incroyable record de Zelenskiy. Le design du sous-marin K-278 lui permet de descendre en toute sécurité jusqu'à 1250 mètres, sa coque étant donnée pour 1500 m en rupture. Ce qui ne va pas l'empêcher de couler... bêtement, pourrait-on dire.
Le 7 avril 1989, alors qu'il est sous les ordres du capitaine Evgeny Vaninet remonte d'une profondeur de 335 mètres (1099 pieds), en essai à environ 180 kilomètres au sud-ouest de l'île aux Ours (en Norvège ), le feu éclate dans le compartiment arrière et se répand très vite : si les cloisons fermées le retiennent, les passages de câbles entre cloisons favorisent son extension : c'est la grosse faille du compartimentage de départ du submersible. L'engin, rapidement ballasté, bondit alors au dessus de l'eau. A bord, c'est plus la panique que l'organisation : le commandant a demandé la mise en marche à fond de l'air comprimé, ce qui a manifestement attisé le feu. L'équipage tente de quitter le bateau, mais des radeaux gonflables ne fonctionnent pas ou les marins ne savent pas les manipuler pour les gonfler. faute d'argent, dans une URSS exsangue, aucun matériel n'a été vérifié depuis le lancement du sous-marin. Les sondes d'incendie ont fini par être détruites par les marins eux-mêmes car elles se déclenchaient pour un oui ou pour un rien. Idem pour les thermomètres, qui devaient être relevés régulièrement et qui ne l'étaient plus ; l'équipage annonçant des relevés fantômes à ses responsables. (**) L'alerte est donnée, sans même la chiffrer, preuve d'une certaine panique à bord. Après cinq heures d'incendie et alors que le sous-marin flottait toujours, il finit par sombrer et se retrouve sous 1680 mètres (5510 pieds) d'eau. Le commandant et quatre autres marins qui étaient encore à bord étaient entrés dans la capsule d'évacuation et s'étaient éjectés. Mais un seul d'entre eux réussira à atteindre la surface en quittant la capsule qui elle aussi avait coulé dans la mer agitée : un comble. La scène est celle d'une catastophe due à un désorganisation totale : les radeaux insuffisants ou qui ne se sont pas gonflés laissent les marins patauger dans une eau à 2°C, ils meurent vite d'hypothermie dans la mer de Barents, qui ce jour-là fait des creux importants, pour ne rien améliorer. Un bateau de pêche-usine, l'Aleksey Khlobystov, arrivé pourtant seulement 81 minutes après que le K -278 ait sombré, embarque à bord à peine 25 survivants seulement et repêche en un premier temps 5 cadavres gelés (il en remontera 16 au total). Un chalutier, le STR-612 est arrivé aussi sur les lieux. Au total, 42 hommes sont morts dans l'accident !!! Les 2/3 de l'équipage a disparu, alors que l'incendie en lui-même n'en avait tué que quatre ! On conclura au final que c'est plus un symbole qu'autre chose qui ce jour-là avait coulé : une URSS désorganisée, aux responsables incompétents et au pays sans le sou vaillant avaient envoyé par bêtise et inconscience le fleuron de leur Marine par le fond. Adieu veau, vache... et sous-marin de titane !
L'URSS n'a en effet déjà plus les moyens d'entretenir une telle flotte. On s'en était déjà aperçu progressivement au milieu des années 80, et cela s'est vu avec des ennuis graves à répétition dont un aurait très bien pu déclencher un conflit nucléaire, lui aussi le 6 octobre 1986. C'est avec une patrouille ratée débutée à Gadjievo, base du Nord de l'URSS, et qui voit un sous-marin russe plutôt âgé de type Yankee (il a été mis en service le 31 décembre 1971) arriver aux Bermudes, à à peine 600 nautiques de la côte Est des Etats-Unis. Le sous-marin K-219 se retrouve en grande difficultés avec ces vieux missiles liquides dont un a fuit, et a transformé son silo de lancement à baignoire d'acide. Son commandant décide alors d'ouvrir son écoutille de lancement, pour éjecter le missile devenu dangereux. Fabriquant ainsi un bruit caractéristique, que perçoit immédiatement l'USS Augusta (de classe Los Angeles, alors récemment mis en serive) qui était bien entendu en train de suivre sa tournée des côtes US. Le commandant de l'Augusta s'apprêtant aussitôt à répondre à la menace en mettant en position une torpille visant directement l'envoyeur potentiel avant même que ne soit lancé le missile nucléaire... Il faut réagir vite en effet, dans ce cas de figure.... coup de chance, visuellement, au périscope, un des marins de l'Augusta a aperçu le missile à la dérive... et il empêche le tir qui aurait été catastrophique ! On a frôlé le conflit mondial de peu ! A bord du K-219, rien ne va plus : remonté en surface, il montre de larges traînées brunes sortant de son silo endommagé, et son réacteur, emballé, fait des siennes, au point d'être au bord de la fusion. Quatre marins ont déjà péri dans l'incendie alors provoqué.
L'arrivée du bâtiment de soutien russe, le Feodor Bredkine (et l'Anatoly Vasiliev aussi semble-t-il) permet de sauver l'équipage, sauf le second du capitaine, resté à bord, pour maintenir le sous-marin dans un stade lui évitant l'explosion : un sacrifié volontaire, semble-t-il, le sous-marin ayant été au final sabordé pour plonger définitivement au fond de l'océan. Le K-219 après une longue agonie finit par sombrer en effet dans une fosse du cap Hatteras à 5500 m de profondeur, où a donc réussi à l'amener le commandant russe (dans certains récits, il aurait lui-même péri avec deux marins lors de l'explosion de la trappe de l'écoutille du missile). L'affaire pousse Gorbatchev a précipiter un accord demandant à réduire le nombre de sous-marins nucléaires, car il se rend compte que son pays n'a plus les moyens de vivre avec cette menace constante sur le dos et le danger qu'elle représente pour lui-même, au lieu de le défendre. Au fond de l'océan, ce sont 32 têtes nucléaires qui reposent désormais : le sous-marin de type Yankee emportant 16 missiles à deux têtes chacun. C'était la première fois seulement que l'URSS avait annoncé officiellement la perte d'un de ses sous-marins sur accident. Le commandant Britanov du K-219 sera annoncé comme devant être jugé en 1987, mais les charges contre lui seront abandonnées : les russes évitant cette fois de rejeter la faute sur les hommes, reconnaissant implicitement la faillite de leur matériel. Au fond de l'océan demeure à jamais un Tchernobyl potentiel... au futur potentiellement catastrophique. A-t-on cherché à en remonter les vestiges, personne à ce jour ne le sait : les russes feraient des relevés réguliers, paraît-il mais sans plus. Le NR-1 serait il allé voir d'un peu plus près, via son robot capable lui de descendre à 5500 m, on n'en sait pas davantage. Les russes et les américains ont-il conclu un pacte pour aller remonter discrètement les vestiges du K-219 (sans les dépenses du Glomar Explorer) ou sont allés enlever ses missiles nucléaires ? Rien non plus à ce sujet n'a transpiré officiellement.
La question que l'on se pose "Pourquoi alors a-t-il coulé ?", Courrier International l'a posée au responsablle du chantier naval, et sa réponse confirme la notion de je-m'en-foutisme généralisé qui avait envahi toute l'URSS : - Tout à fait naturellement. C'est le résultat d'un fléau national qu'on appelle rozguildiaïstvo. C'est un mélange de relâchement, d'indifférence, de paresse et de bêtise. Les gens périssent, les avions s'écrasent, les centrales atomiques explosent... Toutes les catastrophes et les accidents en URSS et dans la Russie aujourd'hui ont été provoqués par ce terrible je-m'en-foutisme. Pourriez-vous croire que l'un des premiers-maîtres n'avait jamais été marin ? Et que la moitié des marins ne savaient même pas nager." Chaque sous-marin moderne dispose, dans chaque compartiment, de capteurs analysant la quantité d'oxygène. S'il n'y en a pas assez, les gens étouffent ; s'il y en a trop, cela risque de provoquer un incendie. A bord du Komsomolets, le capteur du septième compartiment ne fonctionnait pas bien. Alors on l'a débranché avant de prendre la mer. Les officiers ont ordonné la vérification de l'oxygène par des prélèvements. Ils devaient procéder à ceux-ci toutes les heures, mais, en réalité, ils ne le faisaient que toutes les quatre heures dans un premier temps, puis plus du tout. A la fin, ils ont cassé l'appareil pour ne pas se compliquer la vie : il s'agissait du dernier compartiment qui se trouvait à 60 m derrière la passerelle. Quelqu'un a déversé de l'huile sur le sol, il n'a pas essuyé, il y a eu une étincelle, et on connaît le reste." La même "rozguildiaïstvo" qui avait provoqué Tchernobyl !
La perte de ces sous-marins ne va pas en rester là. Les temps ont changé : avec la mort de l'URSS, c'est aussi la fin de la Guerre Froide (du moins le croit-on). Aussi, un autre problème apparaît : au fond de la mer de Barents, repose un bidule doté d'un réacteur nucléaire intact et deux torpilles nucléaires. L'écologie, jusqu'alors bannie des considérations politiques de la période pointe le nez et demande comment se comportent ces éléments sous l'eau. Si le K-219 repose dans une fosse marine difficilement joignable, ce n'est pas le cas du K-278, qui pourrait être relevé.  Les norvégiens s'en inquiètent et en 1992, forcent les russes à une expédition de contrôle avec leurs rovers MIR1 et MIR2 amenés par le Keldysh. Leur constat est... affligeant : "les dégâts ont été plus importantes que mentionné précédemment. La coque intérieure ou la pression avait été la plus forte près de la proue, est enfoncée. Il a des fissures en cours d'apparition surt toute la longueur. Les Russes ont reconnu la présence de torpilles à ogives nucléaires à bord, mais ils ont déclaré que les tests n'ont pas révélé de concentrations de rayonnement dépassant les normes d'eau potable établis. De plus, la coque ne semble pas souffrir de dégâts supplémentaires de détérioration. Les scientifiques ont conclu que la perte de l'intégrité de la coque interdit de relever le sous-marin, que la coque doit être contrôlée périodiquement s'il ya des fuites, et que peut-être la coque doit être scellée ou le compartiment des torpilles coupé, soulevé, et enterré. Dans tous les cas, plusieurs expéditions seront nécessaires." On se contentera de recouvrir l'année suivante l'avant abîmé d'une sorte de toile, fixée sur le fond, afin de minimiser la lente destruction en cours. Mais le sous-marin abîmé, avec ses torpilles nucléaires encore à bord sera laissé sur le fond... en 1993, une nouvelle étude toujours autant inquiétante avait été menée : "l''enquête de 1993 a détecté du césium radioactif 137 des réacteurs corrodésmais déterminé que la contamination des réacteurs est restée faible. La découverte la plus surprenante de l'enquête de 1993 était un trou de plus de 20 pieds de large créé dans le compartiment des torpilles avant. Si ce trou a été constaté lors des enquêtes précédentes, il n'a pas été rapporté dans la presse. La spéculation actuelle est qu'une explosion d'hydrogène à partir des batteries d'accumulateurs a causé ce dommage. Le compartiment a été entièrement déformé, et au moins deux des torpilles nucléaires ont été « écrasées » dans leurs tubes et n'ont pas pu être récupéré en toute sécurité. Une fuite de plutonium n'était pas immédiatement évidente, mais elle serait susceptible de se propager loin". C'est une bombe écologique à retardement que ce K-278 u large des côtes norvégiennes ! On est allé découper l'avant du Koursk et on a relevé le reste du sous-marin mais on ne saurait pas faire l'inverse pour le K-278 ? Fadaises ! Encore la "rozguildiaïstvo" ???
On ne va pas en rester là, en effet, et la déliquescence du système soviétique (toujours la "rozguildiaïstvo" !) va permettre de singulières opérations d'espionnage, comme celle produite au Kazakhstan en 1994, où une usine métallurgique nommée Oulba installée à Ust- Kamenogorsk stockait 580 kg d'uranium 235 enrichi à 90 %, indestinés aux sous-marins du projet 705 ou Lyra (Лира, qui deviendra la classe Alfa, justement !) qui venaient alors d'être abandonnés. Les barres de combustible en céramique étant destinées aux sous-marins à venir. "Le gouvernement kazakh n'avait aucune idée que ce matériel faisait là" pourra-t-on lire alors : en fait il le savait très bien mais un accord secret sera passé avec les USA pour que cette encombrante cargaison ne reste pas sur le sol Kazakh. Le 8 Octobre 1994 en effet, trois énormes avions C-5 Galaxy partent de la base de McGhee Tyson Air National Guard Base avec 130 tonnes de matériel à bord, dont un labo complet fabriqué par la division nucléaire d'Oak Ridge Y-12 et un générateur de 60 kilowatts. Ils passent par la Turquie avant d'atterrir au Kazakhstan. Pendant six semaines, en travaillent douze heures par jour, six jours par semaine, des scientifiques américains dirigés par Elwood Gift, responsable à Oark Ridge, traiteront les 1050 boîtes d'uranium entreposées pour les faire rentrer dans des bidons plus anodins pour ensuite les faire voler vers la base de Dover, dans le Delaware... où ils seront déchargés, direction... Oak Ridge pour alimenter les réacteurs nucléaires US ! Le tout représentant 448 bidons de 55 gallons (208 litres), tous sur le départ pour arriver aux USA avant la date fatidique de Thanksgiving Day 1994 ! Belle opération, rondement menée !!!
Les C-5 décolleront d'un terrain couvert de glace au départ, enlevée à l'aide d'un réacteur d'avion montée sur un camion : la lampe à souder ultime avait été réquisitionnée ! L'opération, baptise Sapphire, est une des plus belles réussites de détournement de matériaux nucléaires jamais réalisée. le grand artisan du hold-up nucléraire avait été Andy Weber l'envoyé de l'ambassade U.S. à Almaty, au Kazakhstan. Il avait calculé qu'avec les 580 kilos d'uranium il y avait de quoi faire jusqu'à 24 bombes nucléaires de forte puissance et en avait averti sa hiérarchie. Le gouvernement Kazakh avait reçu en échange 27 millions de dollars et des dons pour des hopitaux et des écoles. Weber avait été en fait directement contacté par Vitaly Mette, l'ancien directeur de production de l'enterprise "Ulba metallurgic plant" qui lui avait expliqué où se situait la "mine" d'uranium quaisment à ciel ouvert (certains évoquent un amiral russe qui aurait mis les américains au parfum). On ignore à ce jour combien il a pu palper personnellement pour l'opération. L'arrangement final avait été fait le 14 février, 1994, entre le président Kazakh Nursultan Nazarbayev, et Bill Clinton, lors du tout premier voyage aux USA du président Kazakh. L'URSS n'existait déjà plus, et au Kremlin, personne ne savait exactement où étaient disséminées les commandes nucléaires passées. Ou personne ne voulait en prendre la responsabilité, ou prendre le téléphone pour demander aux pays alliés de restituer les matériaux dangereux... de là à aller le voler au prétexte d'empêcher la prolifération nucléaire, il n'y a qu'un pas que les américains n'ont pas hésité à franchir !!!
(*) aujourd'hui encore, la russie fournit le titanium aux USA, comme par exemple la fonderie Avisma à Verkhnaya Salda, en russie, qui fournit Boeing : à droite, des rouleaux de titane près à être envoyés chez Boeing.
(**) récit de la catastrophe : "Juste avant l'accident, l'équipage auquel appartenait le premier-maître Guerachtchenko avait passé huit mois et demi à terre. En théorie, au bout de trois mois d'inactivité, tout le monde devait reprendre le cycle entier d'entraînement, mais, en réalité, il n'en fut rien. De plus, au moment du départ, 12 jeunes lieutenants inexpérimentés fraîchement sortis de l'école furent affectés au Komsomolets. "Cela représentait la moitié de nos officiers. Pour eux, se retrouver sur un sous-marin, c'était comme pour moi débarquer sur la station Mir. Le 7 avril 1989, j'étais de quart à la barre. Personne ne s'est rendu compte de rien, l'alerte a été donnée par les capteurs. Quelques jours auparavant, le 1er avril, des rigolos s'étaient amusés à faire de la fumée pour provoquer l'alerte, alors, cette fois-ci, on a pensé qu'il s'agissait à nouveau d'une blague. Quelqu'un s'est tout de même décidé à vérifier. Le dernier compartiment était en feu ! Nous étions à 340 m de profondeur. L'ordre de remonter a été donné, mais quelque chose n'a pas marché comme prévu. Au lieu de passer dans les ballasts, l'air rentrait dans les compartiments, et cela à une pression de 400 atmosphères. Les compartiments des turbines et de contrôle technique ont été immédiatement envahis par l'incendie. Quelques hommes sont morts brûlés vifs. Le feu se trouvait derrière la cloison de la salle du réacteur. Il fallait l'éteindre. Enfin, nous avons fait surface. L'équipage a pu sortir sur le pont."
Le sous-marin se trouvait en mer de Norvège, près de l'Ile aux Ours [Norvège], à 600 km au nord de Mourmansk et à 300 km des côtes norvégiennes. E
E "Avez-vous émis un SOS ?
- Non, ils avaient peur.
- Pourquoi ?
- Pour leur carrière. Une panne sur un bâtiment de guerre, c'est une information secrète. Dans la flotte soviétique, on ne pouvait pas émettre de SOS. Si le capitaine le faisait, il pouvait dire adieu à sa carrière. Après tout, le Komsomolets était destiné à ne jamais couler. Il était exceptionnel, et nous l'avons cru jusqu'à la dernière seconde. Quelques heures après, un avion de renseignement norvégien nous a survolés, il a vu le feu et a émis un SOS. De nombreux bateaux se trouvaient à proximité et se sont hâtés à notre rescousse, mais l'amirauté de Mourmansk a donné l'ordre de les éloigner. En clair, ils les ont prévenus que nous tirerions sur quiconque essayerait d'approcher du bâtiment.
- Je ne vous crois pas !
- Je ne le croyais pas non plus, mais, plus tard, pendant l'instruction, j'ai appris que c'était vrai. La ferraille était plus importante pour l'amirauté que les hommes. Elle était à douze heures de nous, elle ne pouvait donc pas nous secourir. Elle a décidé d'attendre que nous coulions. Le navire était un secret, personne n'était censé le voir."
Le Komsomolets a brûlé pendant six heures. Dans le compartiment des torpilles, il y avait deux ogives nucléaires. "Ce furent les heures les plus horribles de ma vie", se souvient le premier-maître Guerachtchenko. La haute température a fait se fissurer la coque, qui n'était plus hermétique, et ce qui était réputé insubmersible commença à sombrer. On a mis les canots pneumatiques à l'eau, et tout le monde a sauté. Mais on a découvert que personne ne savait ouvrir leurs conteneurs cylindriques. C'est pourtant simple : il suffit d'ouvrir une trappe et d'appuyer sur une pédale, il s'ouvre tout seul et flotte sur l'eau. "Mais les hommes n'avaient pas entraîné les marins à le faire ! s'emporte le premier-maître. Le raisonnement était le suivant : si un bâtiment aussi cher coulait, pourquoi les gens devaient-ils savoir comment préserver leur vie ? Ils devaient sauver le navire, et non leur peau... J'ai coupé au couteau le couvercle de ce putain de canot, j'avais les mains en sang. Un seul des canots a fonctionné. Mais il n'était pas suffisamment rempli d'air, et en plus il s'est retourné." 


le document de base :
https://www.cia.gov/library/center-...
sur l'opération Sapphire :
http://vilnews.com/2011-02-nuclear-fear

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