Ils ont tout renié, tout trahi, tout abandonné… Ils sont
désormais les employés empressés et complaisants d’un Rotschild, d’un
Drahi ou d’un quelconque autre milliardaire capitaliste… Ils vivent dans
des lofts, roulent en smart ou en mini « suréquipées », vont en
vacances à l’Ile de Ré et font des « ménages » dans des colloques de
dentistes ou de notaires…
Ils n’ont plus, pour se faire les dents et jouer encore parfois les méchants et les fougueux, que les deux ou trois sujets consensuels et usés jusqu’à la corde qu’on leur laisse ronger : l’église catholique, le racisme, le Front National. Pour le reste, ils pissent de l’eau tiède à longueur de journées, endormant aussi efficacement leurs lecteurs que leurs actionnaires qui apprécient cette douce mélopée qui ne dérangent jamais les affaires. Ils ne font peur à personne, amusent à peine, et n’ont désormais pas d’autre de fonction qu’être la caution morale et intellectuelle du gros pognon. Alors forcément, quand ils voient de jeunes boutonneux descendre dans la rue le poing levé, avec banderoles et pancartes, des chevelus fumeurs de joints qui beuglent des slogans de leur voix étranglée par la puberté rebelle, cela leur fait un petit quelque chose, ça les touche, les émeut, leur serre un peu le ventre… Ces petits cons péremptoires qui insultent le pouvoir et crachent sur les flics, ça leur rappelle leur folle jeunesse ! Ca leur foutrait presque la larme à l’œil aux vieux crocodiles… Pour un peu, ils en oublieraient même leurs gros bides et leurs stylos Mont-Blanc… Une vraie cure de jouvence ! La lacrymo et les coups de matraque, comme au bon vieux temps ! Ha putain, on a bien rigolé quand même ! Avant les choses sérieuses…
C’est pourquoi, de Médiapart au Monde en passant – bien sûr !- par Libé, on sent, sous la plume de tous ces quadras et quinquas repus et blasés, tant d’empathie et de généreuse indulgence pour ces jeunes manifestants dont on sait qu’ils sont inoffensifs – puisqu’il sont comme eux…- , dès demain de retour à la niche, mais qui ont le bon goût de rejouer durant quelques jours le grand guignol soixanthuitard, coruscant et bruyant carnaval qui leur a fait croire, un jour, qu’ils pourraient être autre chose que des larbins bien payés du système.
Source : amoyquechault2.over-blog.com
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